Laitue romaine contaminée : les maraîchers dans l’incertitude
La résurgence de cas d’infection à l’E. coli au Canada et aux États-Unis plonge les producteurs de laitue romaine dans l’incertitude alors que les autorités sanitaires ont émis la directive de ne plus en consommer.
« Je suis le premier à être en accord avec le fait de vouloir protéger la santé du public, mais on ne sait pas d’où ça vient et on montre une industrie du doigt », déplore le président-directeur général de VegPro International, Gerry Van Winden. Si seulement les autorités pouvaient mettre la main sur un échantillon contaminé, espère-t-il.
Des démarches de traçabilité pourraient ainsi être entreprises.
Au moment de mettre le journal sous presse, le 23 novembre, on dénombrait 22 victimes canadiennes. Aucun décès n’avait été rapporté, mais des personnes avaient été hospitalisées.
Ce jour-là, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et l’Agence canadienne d’inspection des aliments ont indiqué qu’aucune source de contamination n’avait été trouvée jusqu’à maintenant. Aucun produit contaminé n’a non plus été identifié. L’enquête se poursuit donc, mais elle se complique du fait que les délais entre l’ingestion des aliments contaminés, la déclaration des cas de maladie et le déclenchement d’une enquête font en sorte que les produits ne sont souvent déjà plus sur les tablettes.
La contamination a-t-elle eu lieu au champ, lors de la récolte, du transport, de l’entreposage ou chez le marchand? Vient-elle du Canada ou des États-Unis? Le président de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Sylvain Terrault, souhaite que l’enquête en cours soit plus fructueuse que lors de la précédente éclosion de décembre 2017. L’ASPC avait fermé l’enquête sans que la cause exacte de la contamination ait pu être déterminée.
Retrait des étalages
Les chaînes Costco et Sobeys ont été les premières à annoncer le retrait de leurs étalages de tous les produits contenant de la laitue romaine, le 20 novembre. « Tout ce qu’on expédiait vers les chaînes revient chez nous. Ces produits-là ne sont plus bons. Ils sont carrément jetés », décrit Gerry Van Winden.
Le transformateur qui commercialise les barquettes Attitude Fraîche s’est ajusté en décidant de ne plus mettre de feuilles de romaine dans certains mélanges de laitue. Il s’est aussi empressé de faire imprimer de nouvelles étiquettes précisant que les produits sont exempts du légume présumé fautif.
Sylvain Terrault s’inquiétait de la quinzaine de cas rapportés au Québec au moment de la publication de l’avis de non-consommation. « Est-ce que la souche peut être plus proche de chez nous? s’interrogeait-il. Là, actuellement, on est en novembre; on sait qu’on n’a plus de laitues [produites au Québec], mais en octobre, on en avait. Alors, il faut être à l’écoute. On n’a pas le choix. »
L’hypothèse d’une source récurrente de contamination est envisagée puisque l’analyse de laboratoire révèle un lien génétique entre les cas de décembre 2017 et ceux d’octobre 2018.