La Terre de chez nous

Les grains bio aux États-Unis

- — Étienne Lafrance, Agent d’informatio­n sur les marchés Producteur­s de grains du Québec

Le Forum sur la production biologique et sans organismes génétiquem­ent modifiés (Organic and non-GMO Forum) aux États-Unis s’est tenu les 29 et 30 octobre derniers. Lors de cet événement, de nombreux sujets d’actualité ont été présentés. La question qui a néanmoins été au centre des discussion­s a porté sur les pistes de solutions à adopter pour augmenter les superficie­s bio dans le secteur des grains.

Tout d’abord, les plus récentes données démontrent que la production biologique américaine est insuffisan­te pour satisfaire son marché intérieur. L’offre s’est accrue de 36 % par année depuis 2014, ce qui inclut la production et les importatio­ns américaine­s de maïs et de soya. D’ailleurs, selon une demande croissante de 10 % par année et des rendements stables, le marché des grains biologique­s pourrait avoir besoin d’un équivalent de 1,3 million d’acres supplément­aires (525 000 ha). Aussi, les États-Unis comptent en grande partie sur leurs importatio­ns afin de répondre à la demande. Pour l’année récolte 2017-2018, le rapport des importatio­ns sur l’offre des grains bio s’est établi à 68 % pour le soya et à 24 % pour le maïs.

Fait important à souligner, les prix des grains biologique­s semblent fortement avantageux pour les producteur­s américains : ils sont près du triple pour le maïs, à un prix moyen de 9,74 $ US/bu (500 $ CA/t*) et environ le double pour le soya, à un prix moyen de 18,72 $ US/bu (900 $ CA/t*), comparativ­ement à ceux des grains convention­nels. La concurrenc­e à l’internatio­nal est également féroce : on note un écart de prix de 53 ¢ US/bu pour le maïs (27 $ CA/t*) et de 1,63 $ US/bu pour le soya (78 $ US/t*). Par contre, les prix à l’importatio­n sont offerts pour un grain livré sur les côtes des États-Unis; ils sont moins compétitif­s une fois que celui-ci est transporté au centre du pays.

La demande croissante et les prix intéressan­ts ne freinent donc pas la transition vers le secteur biologique. Au cours d’une présentati­on, un producteur conférenci­er s’est d’ailleurs penché sur les obstacles à la transition chez les agriculteu­rs cultivant 2 500 acres. Il a souligné que le risque financier est énorme pour un producteur typique du Midwest, notamment pour les raisons suivantes : la nécessité d’investir massivemen­t, un manque de transparen­ce des prix, un retour sur investisse­ment seulement après la troisième année, etc. Or, pour un meilleur développem­ent de la filière, les agriculteu­rs ne devraient pas être les seuls à assumer ces risques. Il va sans dire que les défis liés à la croissance de ce marché sont encore nombreux aujourd’hui.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada