Les grains bio aux États-Unis
Le Forum sur la production biologique et sans organismes génétiquement modifiés (Organic and non-GMO Forum) aux États-Unis s’est tenu les 29 et 30 octobre derniers. Lors de cet événement, de nombreux sujets d’actualité ont été présentés. La question qui a néanmoins été au centre des discussions a porté sur les pistes de solutions à adopter pour augmenter les superficies bio dans le secteur des grains.
Tout d’abord, les plus récentes données démontrent que la production biologique américaine est insuffisante pour satisfaire son marché intérieur. L’offre s’est accrue de 36 % par année depuis 2014, ce qui inclut la production et les importations américaines de maïs et de soya. D’ailleurs, selon une demande croissante de 10 % par année et des rendements stables, le marché des grains biologiques pourrait avoir besoin d’un équivalent de 1,3 million d’acres supplémentaires (525 000 ha). Aussi, les États-Unis comptent en grande partie sur leurs importations afin de répondre à la demande. Pour l’année récolte 2017-2018, le rapport des importations sur l’offre des grains bio s’est établi à 68 % pour le soya et à 24 % pour le maïs.
Fait important à souligner, les prix des grains biologiques semblent fortement avantageux pour les producteurs américains : ils sont près du triple pour le maïs, à un prix moyen de 9,74 $ US/bu (500 $ CA/t*) et environ le double pour le soya, à un prix moyen de 18,72 $ US/bu (900 $ CA/t*), comparativement à ceux des grains conventionnels. La concurrence à l’international est également féroce : on note un écart de prix de 53 ¢ US/bu pour le maïs (27 $ CA/t*) et de 1,63 $ US/bu pour le soya (78 $ US/t*). Par contre, les prix à l’importation sont offerts pour un grain livré sur les côtes des États-Unis; ils sont moins compétitifs une fois que celui-ci est transporté au centre du pays.
La demande croissante et les prix intéressants ne freinent donc pas la transition vers le secteur biologique. Au cours d’une présentation, un producteur conférencier s’est d’ailleurs penché sur les obstacles à la transition chez les agriculteurs cultivant 2 500 acres. Il a souligné que le risque financier est énorme pour un producteur typique du Midwest, notamment pour les raisons suivantes : la nécessité d’investir massivement, un manque de transparence des prix, un retour sur investissement seulement après la troisième année, etc. Or, pour un meilleur développement de la filière, les agriculteurs ne devraient pas être les seuls à assumer ces risques. Il va sans dire que les défis liés à la croissance de ce marché sont encore nombreux aujourd’hui.