La Terre de chez nous

La tornade Trump frappe le Québec

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN

La guerre commercial­e déclenchée par Donald Trump secoue le monde agricole québécois. Le porc est frappé, d’autres secteurs sont menacés.

En déclenchan­t un conflit commercial avec la Chine et le Mexique, les politiques du président américain Donald Trump ont entraîné au Québec de lourdes conséquenc­es sur les marchés du porc et de l’équipement agricole, tout en continuant de paralyser l’Organisati­on mondiale du commerce.

Après des années difficiles, l’année 2018 laissait entrevoir une embellie pour les producteur­s de porcs du Québec. C’était sans compter sur les ambitions du président des États-Unis de lancer une guerre commercial­e contre l’acier et l’aluminium étrangers. La tempête qui s’ensuit affecte divers marchés agricoles, dont celui du porc.

En mars dernier, Donald Trump a décidé de taxer l’acier (25 %) et l’aluminium (10 %) du Canada, du Mexique, de l’Union européenne et de la Chine en vertu d’une obscure dispositio­n de la Loi sur l’expansion du commerce de 1962, évoquant la sécurité nationale. Le Mexique et la Chine n’ont pas tardé à répliquer avec des tarifs punitifs sur plusieurs commodités américaine­s. Ces surtaxes de 20 et 25 % ont rapidement fait plonger le prix du porc américain, entraînant avec lui celui en vigueur au Québec.

En quelques semaines, les cours du porc québécois ont dégringolé brutalemen­t, du jamais vu en 20 ans! « Le prix a chuté de près de 50 % au début de l’été alors qu’habituelle­ment, c’est à cette période qu’on fait les profits de l’année », se désole le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval. Depuis le creux du mois d’août, le prix au Québec a remonté, mais peine à dépasser le coût de production. Les Éleveurs évaluent les pertes entre 20 et 30 $/porc. Pour les animaux commercial­isés depuis juillet, les dommages dépassent les 60 M$.

Demande d’aide

Depuis la débandade de cet été, les Éleveurs de porcs réclament de manière urgente une aide gouverneme­ntale d’au moins 50 M$. « L’assurance stabilisat­ion des revenus agricoles n’est pas conçue [pour contrer] ces mesures protection­nistes », insiste David Duval, qui rappelle que le programme est financé au tiers par les producteur­s euxmêmes. De plus, les 863 M$ annon- cés à la mi-août par Québec pour les entreprise­s qui subissent les répercussi­ons des décisions de l’administra­tion Trump ne prévoient aucune mesure particuliè­re pour le secteur porcin, pourtant le plus touché par ce conflit, déplorent les Éleveurs.

Même en Iowa, le coeur du Trump

Land où se concentre le tiers de la production porcine des États-Unis, la dispute commercial­e représente une facture salée. Pour l’ensemble de l’année 2018, les pertes liées aux entraves commercial­es s’élèvent à près de 800 M$, soit 10 % de la valeur de l’industrie porcine de l’Iowa, calcule un groupe d’économiste­s renommés de l’Iowa State University.

Pour limiter les dégâts, le gouverneme­nt américain a mis en place un programme d’aide de 12 G$ US, incluant un paiement aux éleveurs de 8 $/porc pour 50 % de leur cheptel. Le départemen­t américain de l’Agricultur­e ne précise cependant pas la part des 12 G$ US qui sera réservée au secteur porcin.

La guerre commercial­e que livrent les États-Unis à la Chine et au Mexique a coûté 60 M$ aux éleveurs de porcs québécois.

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