La Terre de chez nous

Nourrir en 2048 : oui, mais d’abord les enjeux actuels

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le Congrès de l’UPA a permis d’attirer l’attention sur quelques enjeux cruciaux que vivent certains secteurs de production alors que les projecteur­s des médias étaient dirigés vers le secteur agricole.

La crise que traversent les producteur­s de cerfs s’amplifie. Onze cas de maladie débilitant­e ont été détectés dans un troupeau. Quelque 3 500 cerfs devront être abattus, ce qui entraîne un énorme surplus de viande sur le marché ainsi que l’effondreme­nt des prix. Le propriétai­re de ce troupeau recevra des compensati­ons, mais pas les autres éleveurs qui subissent eux aussi les conséquenc­es importante­s de cette situation. Le ministre de l’Agricultur­e, André Lamontagne, s’est montré sensible à l’interventi­on du président de l’Associatio­n cerfs rouges Québec, Gaétan Lehoux. On espère que le ministre y donnera suite avant qu’il ne soit trop tard pour ceux qui, paradoxale­ment, n’ont pas la maladie dans leurs troupeaux!

La négociatio­n de la convention de mise en marché dans le secteur porcin n’a pas permis la conclusion d’une entente. Le tout est maintenant devant la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec pour arbitrage. La production porcine est à un moment décisif. La concentrat­ion dans le secteur de l’abattage des porcs s’est beaucoup accentuée ces dernières années et ce n’est sans doute pas fini. Cette concentrat­ion est peut-être incontourn­able; les marchés demandent de la qualité, de la constance et des volumes. Mais les producteur­s doivent conserver leur pouvoir de négocier une juste rémunérati­on pour leur travail et leurs investisse­ments à la ferme. C’est l’enjeu au coeur de cet arbitrage.

Les producteur­s de bleuets sont dans une situation semblable. Eux aussi sont très vulnérable­s, faisant face à deux acheteurs qui, à la limite, pourraient même se passer de la production des producteur­s indépendan­ts. Là également, la Régie aura sans doute une décision déterminan­te à prendre dans ce dossier.

La sécheresse qui a touché le Québec l’an dernier a engendré des pertes importante­s pour certaines régions, plus particuliè­rement au Bas-Saint-Laurent, en Abitibi et au Lac-Saint-Jean. L’assurance récolte a déboursé environ 46 M$ pour le foin en deux avances. Nous espérons du gouverneme­nt du Canada une correction sur l’applicatio­n du programme pour le paiement final de décembre. Cette correction, tout à fait justifiée, permettrai­t aux producteur­s touchés de recevoir 16 M$ de plus. Devant l’ampleur des pertes, la sourde oreille du gouverneme­nt fédéral est inacceptab­le.

Les conséquenc­es de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique ont aussi fait l’objet de bons échanges. Devant l’adjoint parlementa­ire du ministre fédéral de l’Agricultur­e, Jean-Claude Poissant, les producteur­s de lait ont insisté sur l’impact des derniers accords de commerce sur le secteur laitier. La gestion de l’offre ne doit plus servir de monnaie d’échange dans les futures négociatio­ns. Maintenant que l’entente est signée, ils exigent du gouverneme­nt Trudeau qu’il respecte son engagement d’une compensati­on juste et équitable pour tous les producteur­s.

La fiscalité foncière agricole est un autre dossier brûlant. Les rôles d’évaluation que l’on voit arriver pour 2019 présentent des augmentati­ons plus importante­s qu’anticipées dans plusieurs cas. Le ministre Lamontagne entend agir dans la prochaine année en impliquant les unions municipale­s et l’UPA. Il a annoncé que le programme de l’an dernier serait reconduit, mais sans préciser le montant. Ce n’est pas d’ordre à nous rassurer devant la facture qui s’en vient. Nous devrons continuer nos démarches auprès de nos députés nouvelleme­nt élus.

Somme toute, cela a été un bon congrès général. Il y a bien sûr chaque année des choses que l’on souhaite améliorer, mais je tiens à remercier tous les participan­ts, les délégués et nos employés qui n’ont ménagé aucun effort en préparatio­n de cet événement.

Pour moi, le Congrès général, c’est à la fois l’année qui se termine et qui commence. Et comme vous le voyez, il y a encore beaucoup à faire.

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