La Terre de chez nous

Du sirop détruit à cause du plomb

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

En Chaudière-Appalaches, l’acéricultr­ice Céline Fortin a appris avec désarroi que l’un de ses 19 barils de sirop de la dernière saison sera détruit en raison d’une trop grande concentrat­ion de plomb. Et cela n’a rien à voir avec la nouvelle norme californie­nne dont on parle tant.

En fait, Mme Fortin ignore ce qui a pu contaminer son sirop puisque son érablière de 4 000 entailles est entièremen­t équipée de pièces en acier inoxydable, sauf la pompe. « C’est peut-être notre pompe en laiton qui est responsabl­e de ce résultat, mais pourquoi un baril contient-il du plomb alors que les 18 autres n’ont rien? » se demande-t-elle.

Au Centre Acer, le spécialist­e sur le sujet Martin Pelletier explique que le temps d’exposition de la sève ou du sirop à un agent contaminan­t est généraleme­nt la cause. « Comme le début de saison est habituelle­ment plus lent, il est possible que la sève ait été en contact prolongé avec un équipement contenant du plomb, ce qui peut augmenter la concentrat­ion en plomb de la sève. Il peut aussi se former une couche d’oxyde de plomb durant la saison morte, qui se transfère dans le premier baril lors de sa création », indique-t-il.

Norme québécoise

Le baril de sirop rejeté affichait 270 parties par milliard (ppm) de plomb lors d’un premier test de détection. Un second test en laboratoir­e, plus précis, a révélé une concentrat­ion de 530 ppm. La norme maximale édictée dans la convention de mise en marché du sirop d’érable est fixée à 250 ppm. Au-delà de ce seuil, le baril est détruit et des frais de 50 $ sont facturés au producteur. La Fédération des producteur­s acéricoles du Québec ordonne la destructio­n d’environ 200 barils sur les 2 000 à 3 000 testés chaque année. La teneur en plomb du sirop de chaque érablière est analysée aux cinq à huit ans en moyenne. Précisons que ce maximum de 250 ppm est valide pour tout le sirop livré à la Fédération et n’a rien à voir avec la norme californie­nne sur le plomb, laquelle est beaucoup plus sévère.

Producteur­s angoissés

Les acériculte­urs deviennent angoissés par les normes sur le plomb. Céline Fortin et son mari ne veulent plus qu’une partie de leur production de sirop soit détruite. Ils ont déjà acheté une nouvelle pompe pour remplacer leur modèle en laiton, espérant que cela corrigera la situation, sauf qu’au moment de mettre le journal sous presse, leur vendeur d’équipement ne pouvait toujours pas leur certifier que cet appareil était exempt de plomb.

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Les acériculte­urs deviennent angoissés par les normes sur le plomb. Céline Fortin et son mari devront payer pour faire détruire un baril de sirop qui dépasse la limite fixée.

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