Consommation de viande en baisse au Canada : il faudra s’y faire...
Plutôt que de se battre contre la diminution de consommation de viande, les producteurs de boeufs doivent se coller à cette tendance lourde, estime Sylvain Charlebois, professeur de l’Université Dalhousie.
À l’heure actuelle, plus de 6,4 millions de Canadiens restreignent leur consommation de viande ou l’arrêtent complètement. « C’est deux fois la population de Montréal », illustre le professeur. Selon un sondage mené auprès de plus de 1 000 Canadiens, 32,2 % d’entre eux pensent à réduire leur consommation de viande au cours des six prochains mois. C’est énorme, dit-il.
Selon lui, plusieurs engraisseurs croient que les gens augmenteront de nouveau leurs achats de boeuf. « Les consommateurs ne reviendront pas. Ils sont partis », lance le chercheur, conférencier invité du 2e Colloque de la Société des parcs d’engraissement du Québec (SPEQ). Le nouveau Guide alimentaire canadien encouragera les gens à privilégier la diète à base de protéines végétales, a par ailleurs rappelé le professeur en distribution et en politiques agroalimentaires.
Dans ce contexte, comment positionner le boeuf?
« Adoptez l’ennemi, les solutions de rechange, propose M. Charlebois. Faire un pain de viande avec du boeuf et des lentilles, pourquoi pas? Au lieu de dire : “Tout ou rien”, apprivoisez l’ennemi. Acceptez le fait de faire partie d’un portfolio plus large de protéines. » L’auteur revenait d’une tournée dans l’ouest du pays, où il a rencontré plus de 2 000 éleveurs bovins. Il y a constaté que « c’est le déni total » par rapport à la diminution de la consommation. « Je ne suis pas positif pour l’Ouest. Il y a un peu d’arrogance de la part des producteurs », ajoute-t-il.
Blockchain
Sylvain Charlebois a salué le projet Boeuf Québec, mis de l’avant par la SPEQ. « L’initiative a beaucoup de mérite, mais c’est une marque fragile qu’il faut que tout le monde protège. Peu importe que Boeuf Québec soit là ou non, le client recherche de la fraîcheur et de la qualité. Il faut livrer la marchandise », a assuré M. Charlebois.
Boeuf Québec mise d’ailleurs sur un projet-pilote de traçabilité par chaîne de blocs pour bien asseoir sa crédibilité. Ce dernier est en attente de financement. « La blockchain peut vous outiller pour protéger la qualité jusqu’au détail. Si vous réussissez à la mettre en place à la ferme, vous allez être les premiers », a précisé M. Charlebois. Celui-ci a illustré ce que représente ce concept en prenant l’exemple d’un aréna. « Les gens sont assis dans les estrades et regardent la glace où se trouvent les données. Tout le monde voit les données, mais personne ne peut y toucher, à cause de la bande. C’est une question de contrôle et de transparence. »
« La demande pour le boeuf est en baisse depuis longtemps. Les protéines végétales sont de plus en plus à la mode et les solutions de rechange à la viande sont de plus en plus connues. » – Sylvain Charlebois