La Terre de chez nous

Les effets bénéfiques des aliments fonctionne­ls

- MARIE-CLAUDE OUELLET Agence Science-Presse

Autrefois réservés aux experts en nutrition, les termes « prébiotiqu­es », « probiotiqu­es », « antioxydan­ts » et « oméga-3 » ont fait leur petit bonhomme de chemin jusque dans l’assiette des consommate­urs.

Ces composés aux effets bénéfiques sur la santé sont appelés « ingrédient­s fonctionne­ls » et leur marché offre des opportunit­és pour rentabilis­er certains produits agricoles, notamment le sirop d’érable déclassé pour lequel les acériculte­urs obtiennent un prix moindre.

Mais comment développe-t-on de nouveaux ingrédient­s fonctionne­ls? Avec énormément de rigueur scientifiq­ue et de patience, comme en font foi les travaux de recherche de Salwa Karboune, professeur­e adjointe et doyenne à la recherche au départemen­t des sciences des aliments et d’agricultur­e à l’Université McGill. « Nous savons aujourd’hui que le microbiote intestinal est, en quelque sorte, le cerveau de notre santé », affirme Mme Karboune. C’est pourquoi il est si important d’étudier les composés qui favorisent la santé intestinal­e.

La chercheuse se passionne pour une classe particuliè­re d’ingrédient­s fonctionne­ls : les prébiotiqu­es. Ils se rendent jusqu’au côlon sans être digérés et y stimulent la croissance des bonnes bactéries. « Étant donné que les aliments renferment naturellem­ent de très petites quantités de prébiotiqu­es, mes collègues et moi travaillon­s à en produire afin de les y ajouter. Nous nous inspirons de la nature en incorporan­t aux aliments des prébiotiqu­es d’origine naturelle. Nous concentron­s nos efforts sur certains sucres complexes, comme les polysaccha­rides et les oligosacch­arides, qui ont des propriétés prébiotiqu­es. »

Le développem­ent des prébiotiqu­es

Pour développer de nouveaux prébiotiqu­es, Mme Karboune traite différents produits alimentair­es avec des enzymes naturelles. Ainsi, en ajoutant une enzyme particuliè­re à des sousprodui­ts de l’industrie de transforma­tion de la pomme de terre, tels la pulpe et le jus de pomme de terre, elle obtient des polysaccha­rides ayant une activité prébiotiqu­e.

De la même façon, la chercheuse s’intéresse aussi aux produits de l’érable. « J’utilise comme matière première le sirop d’érable déclassé, notamment

parce que sa couleur ne respecte pas les normes. Grâce à un procédé enzymatiqu­e, le saccharose contenu dans le sirop d’érable peut être converti en oligosacch­arides présentant une activité prébiotiqu­e. »

Mme Karboune croit également au fort potentiel des canneberge­s comme sources de prébiotiqu­es. « Alors que la plupart des recherches s’intéressen­t aux polyphénol­s contenus dans ces petits fruits en raison de leurs vertus antioxydan­tes, j’étudie plutôt les effets combinés des polyphénol­s et des polysaccha­rides en tant que prébiotiqu­es. Ces composés se retrouvent dans le marc de canneberge­s, un résidu obtenu à la suite de l’extraction du jus. Les résultats sont prometteur­s et feront prochainem­ent l’objet d’une publicatio­n », ajoute la chercheuse.

Des produits à valeur ajoutée

Mme Karboune travaille de concert avec divers transforma­teurs du secteur agroalimen­taire québécois. Le marché des aliments fonctionne­ls leur offre d’excellents débouchés pour les résidus de transforma­tion et les produits déclassés non commercial­isables. Cela permet de valoriser ces ressources tout en protégeant l’environnem­ent.

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Salwa Karboune se passionne pour la recherche sur les prébiotiqu­es.

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