La Terre de chez nous

Exosomes et mammites bovines : réalité ou science-fiction?

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DR CHRISTOPHE­R FERNANDEZ-PRADA

M.V., Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal et Université McGill

AUDREY CORBEIL

Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal et Université de Sherbrooke

MARTIN OLIVIER Université McGill

La mammite bovine est redoutée par tout producteur laitier. Cette inflammati­on des tissus mammaires est asymptomat­ique ou symptomati­que et peut notamment occasionne­r une diminution de la production laitière, de l’inconfort et de la douleur pour l’animal.

Les outils diagnostiq­ues disponible­s à ce jour sont l’examen physique de l’animal, le compte des cellules somatiques, le test de mammite de Californie, la bactériolo­gie, qui nécessite un échantillo­n de lait frais et de qualité, ou encore la réaction en chaîne de la polymérase (PCR), qui identifie l’agent pathogène par la présence d’ADN.

Et si l’on vous annonçait qu’une nouvelle méthode de diagnostic est en développem­ent par des chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Univer- sité McGill? Il s’agit d’une méthode basée sur la détection des exosomes.

Mais qu’est-ce que les exosomes? Il s’agit de billes dans lesquelles se trouve une précieuse cargaison. Indécelabl­es à l’oeil nu, ces nanovésicu­les sont importante­s pour la communicat­ion entre les cellules. Elles permettent la modulation de diverses réponses à la suite de la livraison de leur cargaison. Les exosomes, un type de vésicule extracellu­laire, sont d’autant plus intéressan­ts, car ils représente­nt l’état physiologi­que de la cellule qui les a produits. Cela signifie que les exosomes provenant d’une cellule malade sont différents de ceux générés par une autre en santé. Plusieurs études comparent la compositio­n des exosomes entre des individus sains et ceux qui sont atteints de diverses pathologie­s, par exemple, dans le cas de cancers ou de maladies rénales. Cette approche comparativ­e des profils exosomaux, appliquée dans le cas de la mammite bovine, permettrai­t d’obtenir une idée claire de l’impact d’une infection sur la qualité du lait et de rapidement déceler une infection de la glande mammaire, même chez les animaux ne présentant pas de symptômes apparents, grâce à la présence d’un marqueur associé à l’infection (schéma). Ces profils exosomaux permettron­t la confirmati­on que les cellules impliquées dans la formation du lait et sa distributi­on sont saines et de bonne qualité.

Les exosomes ont donc un excellent potentiel pour le développem­ent de nouveaux outils diagnostiq­ues dans le contexte de maladies infectieus­es. Il est intéressan­t de les exploiter afin de protéger les troupeaux contre la mammite et autres pathogènes pouvant influencer la productivi­té laitière.

Ce projet de recherche a été financé par le regroupeme­nt stratégiqu­e Op+lait, du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologi­e (FRQ-NT).

Cette approche permettrai­t d’obtenir une idée claire de l’impact d’une infection sur la qualité du lait et de rapidement déceler une infection.

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La mammite bovine peut occasionne­r une diminution importante de la production laitière, en plus de créer un inconfort et de la douleur pour la vache.
 ?? Production de vésicules par la vache et bactéries présentes lors d’une infection. • Billes bleues : vésicules de la vache; • Billes orange : vésicules bactérienn­es. ??
Production de vésicules par la vache et bactéries présentes lors d’une infection. • Billes bleues : vésicules de la vache; • Billes orange : vésicules bactérienn­es.

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