La Terre de chez nous

De bonnes nouvelles pour la relève

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

En marge du Salon de l’agricultur­e de Saint-Hyacinthe la semaine dernière, le ministre de l’Agricultur­e, André Lamontagne, accompagné du président-directeur général de La Financière agricole du Québec (FADQ), Ernest Desrosiers, a annoncé deux programmes pour aider les jeunes à démarrer en agricultur­e. Ces mesures visent principale­ment l’appui au démarrage de nouvelles entreprise­s, ce qui correspond à un réel besoin, puisque de plus en plus de jeunes inscrits dans les différente­s écoles d’agricultur­e ne sont pas issus de familles agricoles. Il est aussi intéressan­t de noter que parmi cette relève, la majorité est constituée de jeunes femmes qui ont l’ambition de devenir productric­es.

La première annonce concerne la création du prêt levier, un nouveau produit de financemen­t offert par la FADQ, qui pourra atteindre 100 000 $, sans garantie mobilière ou immobilièr­e. En l’absence des garanties financière­s normalemen­t exigées, la décision d’accorder ou non le financemen­t s’appuiera sur cinq critères : le parcours du producteur, son plan d’affaires, son réseau, la rentabilit­é de son projet et son potentiel. Le prêt levier pourra être accordé seulement après que les formules de financemen­t courantes de la Financière auront été explorées. Il pourra par la suite être combiné aux autres formules.

Ce nouveau produit est bien accueilli par la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), qui demande depuis longtemps à la FADQ des mesures adaptées à la situation des jeunes qui veulent démarrer en agricultur­e. Comme le disait le ministre Lamontagne lors de l’annonce, la Financière misera d’abord sur la qualité des projets présentés par les jeunes promoteurs et leur aptitude à les mener à terme, plutôt que sur les garanties immobilièr­es ou autres pour accorder le prêt. Comme la FRAQ, je crois toutefois que le succès de la nouvelle mesure dépendra de son accessibil­ité véritable.

M. Lamontagne a aussi annoncé le renouvelle­ment du partenaria­t avec le Fonds de solidarité FTQ et Desjardins Capital pour la reconducti­on du Fonds d’investisse­ment pour la relève agricole (FIRA). Créé en 2011, le Fonds a permis d’investir quelque 23 M$ dans près de 90 projets, principale­ment grâce à des prêts de mise de fonds ou des ententes de location de terres.

Des outils adaptés comme le FIRA et le nouveau prêt levier sont importants, car ils répondent à la réalité du marché dans lequel la relève évolue. Entre 2005 et 2017, le prix des terres a triplé, passant de 4 924 $ à 14 825 $ l’hectare. C’est une augmentati­on 10 fois plus rapide que l’inf lation. Dans certaines régions du Québec, notamment en Montérégie, des terres se sont négociées à plus de 50 000 $ l’hectare en 2018. L’accès à du capital patient, offert à des taux d’intérêt compétitif­s, est donc déterminan­t. À cet égard, la FADQ doit jouer son rôle en proposant des produits novateurs, adaptés à l’évolution de la situation économique agricole.

En complément­arité avec ces programmes gouverneme­ntaux et dans le but d’offrir des solutions de rechange aux jeunes qui souhaitent se lancer en agricultur­e, l’Union des producteur­s agricoles (UPA) travaille depuis l’an dernier à la mise en place d’une fiducie foncière agricole capitalisé­e, en collaborat­ion avec Fondaction. Cette fiducie aura entre autres pour objectif de soutenir des jeunes qui démarrent en agricultur­e tout en protégeant la vocation des terres acquises par la fiducie.

Devant la montée en valeur des actifs agricoles, notamment la terre, et pour conserver le modèle familial, nous devons offrir des solutions de remplaceme­nt aux jeunes, mais aussi aux producteur­s pour qui le temps de vendre est arrivé, mais qui n’ont pas de relève. Le prêt levier, le FIRA, le programme vendeurs-prêteurs et la future fiducie UPA-Fondaction sont et seront des outils pour aider la relève à réaliser ses rêves.

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