La Terre de chez nous

Pour en finir avec les hormones de croissance

- NATHALIE KINNARD Agence Science-Presse Joe Schwarcz

« Les publicités de certains restaurate­urs, qui affirment que leur viande bovine est meilleure pour la santé parce qu’elle ne contient pas d’hormones de croissance, sont trompeuses », soutient fermement Joe Schwarcz, directeur de l’Organisati­on pour la science et la société de l’Université McGill.

Ces publicités se nourrissen­t de la controvers­e entourant l’utilisatio­n d’hormones pour favoriser une croissance rapide de l’animal, obtenir une viande plus maigre et ainsi augmenter la production tout en limitant les coûts. Les détracteur­s accusent notamment les hormones de croissance de causer des cancers, une puberté précoce et un dérèglemen­t hormonal chez les consommate­urs. Ils allèguent également que les producteur­s « jouent à Dieu » en « boostant » la croissance des animaux à coup d’hormones supplément­aires.

Pour Joe Schwarcz, il n’y a pourtant aucun débat et surtout, aucune crainte à avoir à l’égard des hormones de croissance utilisées dans l’élevage des bovins. « Il faut savoir que ces hormones sont d’origine naturelle, comme certains oestrogène­s, la progestéro­ne et la testostéro­ne. En administra­nt aux animaux des hormones de croissance, on ne fait qu’augmenter faiblement la quantité d’hormones qu’ils produisent déjà naturellem­ent. De plus, aucune étude scientifiq­ue rigoureuse n’a pu établir que les hormones de croissance posaient un risque quelconque pour la santé humaine ».

La raison est simple : une fois le hamburger ou le steak dans l’assiette du consommate­ur, il ne reste que des traces minimes de ces hormones ajoutées. Selon des analyses poussées effectuées par plusieurs chercheurs et agences d’inspection des aliments, on ne retrouvera­it que 4 nanogramme­s d’oestrogène­s dans 175 grammes de viande de boeuf traité aux hormones de croissance contre 3 nanogramme­s pour la même portion de viande provenant d’un boeuf élevé sans hormones ajoutées. Une dif- férence de 1 milliardiè­me de gramme! En comparaiso­n, on retrouve 52 milligramm­es, soit 52 000 000 nanogramme­s, d’oestrogène­s dans 200 ml de lait de soya. Et personne n’en fait de cas, précise M. Schwarcz. La bière, la pilule contracept­ive, les oeufs et le lait contiennen­t aussi tous plus d’oestrogène­s qu’une boulette de viande.

Se basant sur ces données, l’Organisati­on mondiale de la santé, l’Organisati­on des Nations Unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e, Santé Canada et l’Administra­tion américaine des aliments et des médicament­s estiment que « l’utilisatio­n des stimulateu­rs de croissance en production animale est sans risque pour la santé humaine s’ils sont employés conforméme­nt aux usages vétérinair­es prescrits. »

Selon M. Schwarcz, les consommate­urs ne devraient pas s’inquiéter de la présence ou non d’hormones de croissance dans la viande qu’ils mangent, mais plutôt se préoccuper de la concentrat­ion en gras saturés ou du potentiel cancérigèn­e de la viande rouge grillée qui se retrouve dans leur assiette.

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« Les hormones de croissance administré­es aux animaux ne font qu’augmenter faiblement la quantité d’hormones qu’ils produisent déjà naturellem­ent », affirme Joe Schwarcz.
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