La Terre de chez nous

Il y a ceux qui nous quittent et ceux qui restent

- Au coeur des familles agricoles : 450 768-6995 Centres d’écoute et de prévention du suicide : 1 866 277-3553

Julie me raconte le décès de son père par suicide. Il était un agriculteu­r reconnu pour son franc-parler et sa bonne humeur. Cinq ans plus tard, elle a encore mal, ressent encore de la peine et de l’impuissanc­e. Elle aurait aimé voir venir le geste, elle aurait voulu le prévenir. En cette semaine nationale de prévention du suicide, nous nous attardons à ceux qui restent, les survivants, les personnes endeuillée­s.

Julie a consulté peu de temps après le décès de son père. Au début, elle rêvait à lui, le voyait partout autour d’elle. « Tout me rappelait sa présence. Je sentais son odeur, j’entendais son rire. Le plus dur, c’est de réaliser qu’il allait manquer les événements importants de ma vie. » Tout doucement, Julie a surmonté sa peine. Avec le temps, elle a appris à garder en mémoire les beaux moments passés avec son père. « Maintenant, je me dis qu’il est toujours avec nous », ajoute la jeune femme.

Lorsqu’un proche s’enlève la vie, il est difficile de savoir où se tourner pour obtenir du soutien. Bien souvent, on ignore même quelle aide aller chercher. Vivre ce deuil bien particulie­r prendra du temps. Réussir à en parler contribuer­a grandement à se libérer l’esprit, mais surtout à gérer cette culpabilit­é qui peut nous habiter. « On sait qu’il n’est plus là, mais il faut le réaliser et l’accepter. Il y a aussi la culpabilit­é que j’ai dû m’enlever de la tête. Je me sentais responsabl­e de sa mort et de n’avoir pas pu l’aider », mentionne Julie d’un ton calme. Ses larmes nous rappellent la fragilité de la vie. Le départ de son père est marquant dans son parcours. Il y a l’avant et l’après cette mort.

Quelques cas de suicide d’agriculteu­rs ont fait les manchettes au cours des dernières années. C’est encore malheureus­ement d’actualité dans ce métier. Pour la famille et les proches du défunt, la peine sera intense. Ils auront à faire preuve de beaucoup de courage et de résilience. Le deuil se fera petit à petit, mais il faudra prendre le temps de le vivre et se donner des outils pour le traverser.

Les personnes qui doivent surmonter un deuil par suicide ont besoin de recevoir du réconfort et d’être accueillie­s dans leur incompréhe­nsion. Elles ont besoin de soutien et d’une écoute sans jugement. Il existe différente­s ressources pour les épauler lors de cette éprouvante période. Les centres de prévention de suicide (CPS) et les centres d’écoute et de prévention du suicide (CEPS) des différente­s régions du Québec peuvent accompagne­r les personnes endeuillée­s dans leur cheminemen­t. Ils offrent des rencontres individuel­les pour les aider à y voir plus clair. De plus, les CPS et CEPS proposent des groupes de soutien avec d’autres gens qui traversent cette terrible épreuve. Ensemble, ils peuvent échanger, s’épauler et s’entraider. En outre, une ligne d’écoute est disponible. Des intervenan­ts et des bénévoles des CPS et des CEPS sont là pour entendre les gammes de sentiments, de la colère à la tristesse.

Les travailleu­ses de rang de l’organisme Au coeur des familles agricoles (ACFA) peuvent également offrir du soutien à ceux qui restent. Certains se tourneront vers un psychologu­e ou un thérapeute.

Peu importe l’aide choisie, il ne faut pas demeurer seul dans ce tourbillon d’émotions. Appelez un ami, un intervenan­t, un travailleu­r social, une travailleu­se de rang, mais surtout, trouvez du réconfort. Parlez-en!

« Je me sentais responsabl­e de sa mort, responsabl­e de n’avoir pas pu l’aider », mentionne Julie d’un ton calme. Ses larmes nous rappellent la fragilité de la vie.

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HÉLEN BOURGOIN, T.E.S. Travailleu­se de rang dans le Centre-du-Québec

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