La Terre de chez nous

4 éléments qui plombent la rentabilit­é

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1 La machinerie

Un parc de machinerie dont la taille est supérieure aux besoins de l’entreprise fait augmenter les coûts de production et gruge les liquidités. « Le gros tracteur neuf et le beau pick-up, est-ce que tu peux vraiment te les payer ? Même chose pour une pelle mécanique utilisée pour faire un fossé par année : c’est un joujou! Quand les résultats d’exploitati­on sont serrés, il faut se concentrer sur les actifs rentables et laisser faire les joujoux», insiste Caroline Collard. «Avoir recours à une batteuse payée 450 000$ plus le carburant et l’employé pour récolter 150 hectares? Non! Et à moins que le producteur effectue ses entretiens lui-même avec rigueur, il faut prioriser les travaux à forfait pour plusieurs opérations », soutient Marie-Claude Bourgault.

2 Les vaches d’exposition

Les quatre conseillèr­es ont unanimemen­t soulevé un tabou : le commerce de la génétique et les jugements d’animaux ne sont généraleme­nt pas rentables. Certaines fermes réussissen­t à bien s’en tirer, mais pour la majorité, cette activité nuit à leur santé financière. La passion entraîne souvent des décisions émotives et non rationnell­es. Aussi, l’élevage de haute génétique représente un coût en temps, en nourriture, en bâtiments et en déplacemen­ts, sans oublier que la production d’embryons peut allonger les intervalle­s de vêlages. Bref, le lait produit coûte plus cher et en fin de compte, peu de bêtes sont réellement vendues avec profit. Les agriculteu­rs ne le réalisent pas facilement, car ces coûts sont combinés aux opérations laitières, mais les pertes sont là.

3 Les cultures

Caroline Collard affirme que 56 % des producteur­s laitiers qu’elle accompagne perdent de l’argent avec leurs cultures. « Certains pensent que c’est rentable, mais ils oublient de calculer le coût de possession et d’utilisatio­n de la machinerie », dit-elle, ajoutant que l’absence de rentabilit­é s’explique aussi, chez certains, par le manque de précision dans les semis, dans l’applicatio­n de pesticides ou à la récolte. Valérie Grenier mentionne qu’au Lac-Saint-Jean, les cultures convention­nelles sont payantes seulement lorsqu’elles alimentent le troupeau. Elle recommande de fertiliser les cultures fourragère­s afin d’obtenir plus de protéines et d’opter pour du blé qui nourrira les vaches au lieu de cultiver de l’avoine qui sera vendue sur les marchés à un prix trop faible pour être rentable.

4 Accès trop facile au capital

« Les prêts dans le secteur laitier, c’est quasiment un bar ouvert. Et avec les taux qui montent, la dette finit par faire mal. Je connais un producteur qui, quand il manquait de liquidités, demandait à son créancier de grossir son emprunt. Son prêt a ainsi atteint 340 000$ en quatre ans», raconte Marie-Claude Bourgault. Valérie Grenier a travaillé de 2007 à 2017 comme conseillèr­e aux prêts agricoles chez Desjardins. Elle confirme que la plupart des projets, même ceux dont les bases semblaient moins solides, recevaient du financemen­t, et ce, en raison de la valeur du quota et des terres comme garantie. «Aussi, la majorité des producteur­s tiennent à réaliser leurs projets et n’hésiteraie­nt pas à aller voir une autre institutio­n bancaire si la première disait non», explique-t-elle.

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