La Terre de chez nous

Recherche : la contributi­on de tous est nécessaire

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Les gouverneme­nts jouent un rôle fondamenta­l dans le financemen­t de la recherche, et ce, dans tous les pays industrial­isés. Il s’agit d’un facteur important lorsque l’on compare la compétitiv­ité des États dans le monde. Le plus bel exemple est le Japon et l’Allemagne qui, parmi les pays de l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE), consacrent respective­ment 3,1 % et 2,9 % de leur PIB (dépenses intérieure­s totales) à la recherche (Canada : 1,6 %).

Au tournant des années 1990 et 2000, pour reposition­ner la recherche en agricultur­e, Québec et Ottawa ont graduellem­ent mis en place des incitatifs pour attirer plus d’investisse­ments privés dans leurs centres de recherche.

Les producteur­s ont alors augmenté leurs contributi­ons pour obtenir plus de fonds de contrepart­ie de la part des gouverneme­nts à leurs projets de recherche. La création des centres d’expertise et de transfert, qui favorisaie­nt la collaborat­ion des principaux partenaire­s de chaque filière, a suivi. Le transfert des connaissan­ces aux producteur­s s’est ajouté à la mission de recherche de ces centres.

Le Centre de recherche sur les grains (CÉROM) est le fruit de cette transition. D’autres entités ont été converties ou ont vu le jour à cette même époque : Valacta (précédemme­nt le Programme d’analyse des troupeaux laitiers du Québec), Novalait, le Centre de développem­ent du porc du Québec, le Centre d’expertise en production ovine du Québec, le Centre Acer dans le secteur du sirop d’érable, etc.

Il y avait trois avantages notables à cette transition : les gouverneme­nts en profitaien­t pour réduire la taille de leur fonction publique, on favorisait l’apport et l’implicatio­n du secteur privé et l’on s’assurait que la recherche réponde aux besoins particulie­rs de chaque secteur.

La transition a été très bénéfique. Elle a regroupé les intervenan­ts des différente­s filières autour d’enjeux communs et permis de créer des fonds de recherche dignes de ce nom, capables d’intéresser des chercheurs de haut calibre. Le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) a continué de jouer un rôle important dans chacune de ces entités.

Comme le mentionne le rapport annuel de gestion 2017-2018 du MAPAQ à propos des quelque 90 M$ investis annuelleme­nt, « la contributi­on de l’industrie au financemen­t d’activités de recherche et d’innovation soutenues par le Ministère est passée, depuis le 1er avril 2015, de 12 % à 15 % de la valeur totale des budgets consacrés aux différents projets et centres. Le Ministère a donc dépassé la cible finale qu’il s’était fixée ».

Selon l’Institut de la statistiqu­e du Québec (2015), la structure de financemen­t des dépenses intérieure­s brutes en recherche et développem­ent (DIRD) sur le territoire québécois (tous secteurs confondus) est la suivante : gouverneme­nt fédéral 14 %; gouverneme­nt provincial 7 %; entreprise­s commercial­es 47 %; enseigneme­nt supérieur 19 %; organismes sans but lucratif 4 %; étranger 9 %. La contributi­on et l’implicatio­n du privé dans la recherche sont vitales. Les statistiqu­es le démontrent bien. Les centres d’expertise et de transfert jouent un rôle essentiel.

La controvers­e actuelle autour du CÉROM mènera certaineme­nt à des ajustement­s de gouvernanc­e. Le rôle des partenaire­s aux conseils d’administra­tion (CA) doit être bien défini, tous en conviennen­t. Le gouverneme­nt a aussi un rôle à jouer. La présence du MAPAQ à ces CA est souhaitée.

Devant les changement­s à venir, il ne faudrait cependant pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La présence des producteur­s au sein des CA de ces centres d’expertise est essentiell­e pour que ces derniers demeurent branchés sur les véritables enjeux du secteur.

La présence des producteur­s au sein des CA des centres d’expertise est essentiell­e pour que ces derniers demeurent branchés sur les véritables enjeux du secteur.

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