La politique américaine brouille les cartes
Depuis près d’un an, la politique américaine est le principal facteur qui influence le prix des grains, notamment celui du soya. Donald Trump a fortement ébranlé l’industrie des grains par sa guerre commerciale avec la Chine et sa paralysie administrative ( shutdown).
Depuis l’imposition de tarifs en juillet, le prix du soya à Chicago a connu le plus grand creux historique des dix dernières années. Les deux puissances économiques se sont menacées mutuellement de représailles et, finalement, le 1er décembre, les dirigeants de ces deux pays se sont entendus sur une trêve jusqu’au 1er mars. Entre-temps, la Chine a repris son approvisionnement de soya américain : jusqu’à maintenant, ses importations sont estimées à environ 3 millions de tonnes (Mt). Toutefois, les ventes américaines demeurent inférieures au rythme de l’année dernière malgré le fait que les États-Unis sont en plein coeur de leur période habituelle d’exportation vers la Chine, c’est-à-dire de novembre à mars. Pour le moment, deux rondes de négociations se sont déroulées, mais il y a peu de développement, si ce n’est une offre d’achat de 5 Mt de soya par la Chine.
La paralysie partielle de gouvernement américain a provoqué l’annulation de la publication du rapport de janvier du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) sur l’offre et la demande dans le secteur des grains. Cette situation est également à l’origine de l’absence de données sur les ventes de grains américains à l’exportation. La fin provisoire du shutdown a été décla- rée le 25 janvier grâce à un financement des employés de l’État jusqu’au 15 février. Conséquemment, l’USDA a annoncé que les ventes à l’exportation au cours de janvier et de février seront connues uniquement en date du 22 février. Or, la paralysie gouvernementale pourrait reprendre bien avant, car les démocrates et Donald Trump sont toujours en désaccord en ce qui concerne l’enveloppe budgétaire à consacrer à la construction d’un mur à la frontière du Mexique.
La politique américaine a fortement chamboulé le secteur des grains ainsi que le déroulement normal de ses activités, et les conflits risquent de perdurer. Les producteurs, tant aux États-Unis qu’au Québec, devront donc composer avec cette incertitude, ce qui pourrait grandement affecter leurs décisions de semis.