La Terre de chez nous

Pesticides : soyons pragmatiqu­es

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le congédieme­nt de l’agronome Louis Robert par le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) a fait couler beaucoup d’encre. Le dossier est très vite devenu politique après les déclaratio­ns initiales du ministre de l’Agricult ure, André Lamontagne. Le 14 février dernier, les partis d’opposition ont appuyé la demande du Syndicat des profession­nelles et profession­nels du gouverneme­nt du Québec (SPGQ), qui a lancé une pétition pour que M. Robert soit réintégré dans ses fonctions. Tous comprennen­t qu’au-delà de l’intérêt public et de celui de M. Robert, une joute politique est en cours.

Toute cette affaire repose sur l’accès à l’informatio­n et sa diffusion. À ce sujet, l’Union des producteur­s agricoles (UPA) est catégoriqu­e : nous croyons que tout renseignem­ent d’intérêt pour les producteur­s devrait être accessible et largement diffusé. Les décisions que les agriculteu­rs prennent chaque jour reposent sur la qualité des informatio­ns dont ils disposent.

Au regard des pesticides, l’UPA a été la première à mettre en doute la neutralité des agronomes liés à l’industrie et appelés à autoriser l’usage des pesticides dits « à risque ». Lors d’une entrevue sur le sujet avec l’animateur du 98,5 FM Paul Arcand, celui-ci n’en revenait pas que les agronomes responsabl­es de signer la prescripti­on pouvaient aussi être ceux qui commercial­isent les produits dont on tente de réduire l’utilisatio­n. L’UPA souhaitait également que ce nouveau registre sur les pesticides soit intégré au Plan agroenviro­nnemental de fertilisat­ion (PAEF) déjà complété par les producteur­s et soumis au ministère de l’Environnem­ent au plus tard en mai de chaque année, de façon à ne pas ajouter à la lourdeur adminis- trative à laquelle sont assujettie­s les entreprise­s.

L’UPA demande depuis plusieurs années une plus grande implicatio­n des profession­nels du MAPAQ auprès des producteur­s ou au sein des clubsconse­ils en agroenviro­nnement. Ces trois dernières années, nous avons développé un plan d’action en phytoprote­ction. On y prône un meilleur dépistage des ravageurs, des interventi­ons plus précises lorsque nécessaire et plus de recherche pour offrir des solutions de rechange à l’usage des pesticides.

Notre organisati­on réclame depuis des années des investisse­ments majeurs en agroenviro­nnement. Lors de la dernière campagne électorale, notre première demande au futur gouverneme­nt du Québec était de mettre en place un réel plan vert pour le secteur agricole et d’y investir 100 M$ par année pendant 10 ans. Il faut travailler à long terme avec des mesures d’accompagne­ment, de transfert des connaissan­ces et de rétributio­n des biens et services écologique­s. Le marché, et c’est déplorable, ne rémunère pas les bonnes pratiques agricoles. Il en est de même pour les programmes de soutien du MAPAQ et de La Financière agricole du Québec. Eux aussi récompense­nt le rendement, sans égard au mode de production biologique ou aux bonnes pratiques.

Le MAPAQ a converti ses centres de recherche en organismes sans but lucratif au tournant des années 2000. Les producteur­s ont répondu à l’appel et contribuen­t aujourd’hui à quelque 5 M$ par année aux différents centres de recherche et d’expertise. Les agriculteu­rs ne vendent pas de pesticides et aucun d’eux n’a intérêt à en utiliser plus que nécessaire. L’objectif de notre présence au sein de ces centres est la recherche de solutions pour améliorer nos pratiques, diminuer nos coûts de production et assurer la rentabilit­é de nos entreprise­s dans un marché de plus en plus ouvert et compétitif.

Finalement, et au-delà de la joute politique, dans le dossier de l’agroenviro­nnement, le gouverneme­nt devra prendre des décisions pragmatiqu­es qui répondent vraiment aux enjeux que vivent les producteur­s et se décider à y investir les sommes nécessaire­s.

Les agriculteu­rs ne vendent pas de pesticides et aucun d’eux n’a intérêt à en utiliser plus que nécessaire.

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