La Terre de chez nous

Recyclage et presse écrite : le point de rupture

- — Denis Tétreault, directeur général, RecycleMéd­ias

Les Québécois le savent, la presse écrite traverse depuis un bon moment une importante zone de turbulence­s. Selon les chiffres mêmes du ministère de la Culture, un hebdomadai­re sur quatre a cessé d’être publié depuis 2010. Or, cette situation va s’aggraver sérieuseme­nt, t, à moins que la Loi sur la qualité de l’en- vironnemen­t ne soit modifiée dès cette année et que le gouverneme­nt n’accorde aux journaux la même protection culturelle que celle accordée aux livres.

Il y a urgence d’agir parce que les quotidiens et les hebdomadai­res sont t coincés dans un cercle vicieux en raison on des obligation­s qui leur sont imposées es en matière de financemen­t du recyclage du papier journal :

Le nombre de médias d’informatio­n sur papier décroît chaque année;

Le tonnage de papier journal produit par ces derniers diminue également;

De leur côté, les coûts annuels de recyclage augmentent dramatique­ment.

Conclusion : la facture de recyclage imposée à ceux qui restent explose. Les chiffres sont éloquents. Il y a eu une réduction de 92 000 tonnes de papier journal produites entre 2010 et 2019 (-68 %), mais la contributi­on au recyclage demandée aux médias a de son côté grimpé de 9 M$ pendant la mêm même période (+340 %). Ainsi, le coût de trai traitement par tonne qui était de 23,03 $ en 20 2010 passe cette année à 241,92 $.

Il est vrai que le ministère des Finances a proposé un début de solution il y a deux ans. Or, si cette aide réduit légèrement le fardeau financier des médias imprimés, elle ne corrige en rien l’aberration du système actuel et ses effets p pervers. De plus, il s’agit d’une aide temporaire face à un problème structurel qui s’amplifie d’année en année. Dès le départ, il était inconcevab­le qu’on traite les vecteurs de démocratie et d’expression culturelle que sont les journaux de la même façon qu’une boîte de conserve ou une bouteille de plastique. Les médias d’informatio­n contribuen­t directemen­t à la vie démocratiq­ue et sociale de nos communauté­s et à leur vitalité. En conséquenc­e, ils doivent bénéficier d’une protection culturelle analogue à celle du livre, car le système compensato­ire auquel les journaux sont assujettis est en effet en voie de porter le coup de grâce à d’autres entreprise­s de presse.

Dès son arrivée au pouvoir, le gouverneme­nt du premier ministre François Legault a démontré une grande sensibilit­é à l’égard de la situation difficile à laquelle sont confrontés les médias à la suite de la baisse dramatique des revenus publicitai­res qui étaient à la base de leur modèle d’affaires.

Il doit aujourd’hui convenir avec nous que le premier geste à poser est de sortir les journaux d’un système qui a des effets pervers contribuan­t à asphyxier financière­ment la presse écrite. Et cette interventi­on doit être faite dès le prochain budget, sinon d’autres communauté­s perdront leurs médias écrits.

RecycleMéd­ias est un organisme privé sans but lucratif qui a été créé en décembre 2000 dans le but de représente­r les journaux visés par l’obligation de contribuer aux efforts de récupérati­on et de valorisati­on des matières résiduelle­s au Québec. L’organisme compte 149 membres issus des organisati­ons suivantes : Québecor Média, Groupe Capitales Médias, Le Devoir, The Gazette, Hebdos Québec, Quebec Community Newspapers Associatio­n (QCNA), l’Associatio­n des médias écrits communauta­ires du Québec (AMECQ) et plusieurs autres petits regroupeme­nts ou journaux indépendan­ts.

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