La Terre de chez nous

Éleveurs au bord du gouffre

- MARTIN MÉNARD mmenard@laterre.ca

L’éradicatio­n du plus grand troupeau de cerfs rouges du Québec en raison de la maladie débilitant­e chronique (MDC) des cervidés pousse d’autres éleveurs au bord du gouffre financier. « Je suis dans le rouge, témoigne Richard Lemay. Mon acheteur me donnait la moitié du prix. Alors je garde mes animaux, mais je dois les nourrir tout l’hiver et me procurer du foin. Ça entraîne des pertes d’environ 50 000 $. »

La situation de ce propriétai­re de 500 têtes à Saint-André-d’Argenteuil, dans les Laurentide­s, n’est pas unique. Le président de l’Associatio­n cerfs rouges du Québec, Gaétan Lehoux, mentionne que plusieurs éleveurs sont dans une position très critique. « Nos réserves de foin sont pratiqueme­nt épuisées et nous n’avons plus de liquidités pour en acheter. Si rien n’est fait par le gouverneme­nt, plusieurs d’entre nous ne passeront pas à travers », assure-t-il. Son entreprise est elle-même accolée au pied du mur. « L’élevage de cerfs rouges, c’est mon métier. Si je liquide les animaux à une fraction du prix, après, je fais comment pour gagner ma vie et celle de ma famille? » demande M. Lehoux, qui possède 550 têtes.

Une réaction en chaîne

Pour y voir clair, le ministère québécois de l’Agricultur­e du Québec et le comité de gestion de crise ont mandaté une firme externe pour documenter la situation des neuf éleveurs touchés directemen­t par la découverte de la MDC chez la plus importante ferme d’élevage de cerfs rouges du Québec.

Dans son rapport déposé le 30 janvier dont La Terre a obtenu copie, GSP Conseil indique que l’abattage obligatoir­e des quelque 3 000 bêtes a entraîné des surplus chez les autres éleveurs et une réaction en chaîne : baisse du prix du marché, accroissem­ent des coûts d’alimentati­on, manque d’espace dans les enclos et augmentati­on du temps de gestion des élevages. Les produc- teurs sondés anticipent également le déclasseme­nt des animaux gardés trop longtemps à la ferme et un problème d’approvisio­nnement en géniteurs de qualité. La situation générale des entreprise­s est jugée fragile, voire précaire, alors que deux d’entre elles ont affirmé être en mode fermeture.

Demande pressante

Pour faire face à la crise, les producteur­s demandent à Québec d’intervenir rapidement pour injecter des liquidités et sortir des enclos les animaux prêts à l’abattage. Ils estiment leurs besoins à quelques centaines de milliers de dollars.

Rappelons qu’en janvier, le gouverneme­nt provincial a mandaté La Financière agricole du Québec pour mettre en place un programme spécial doté d’une enveloppe de 1 M$. L’organisme a indiqué à

La Terre que l’aide destinée aux éleveurs de cerfs rouges sera détaillée dans la semaine du 25 février.

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Richard Lemay, de Saint-André-d’Argenteuil, anticipe des pertes de 50 000 $ liées à la découverte, dans un autre élevage, de la maladie débilitant­e chronique des cervidés l’automne dernier.

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