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La Fédérée vise de nouveaux records, sans perdre son âme

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

La Coop fédérée a révélé aujourd’hui des ventes records de 6,5 G$ et un actif en hausse à 3,3 G$. La 24e plus importante coopérativ­e agroalimen­taire au monde est toutefois confrontée à un enjeu de taille d’après son président : poursuivre son développem­ent sur les marchés internatio­naux sans perdre son âme coopérativ­e. De plus, elle fait face à l’insatisfac­tion de l’un de ses importants fournisseu­rs : les éleveurs de porcs.

Maintenir son identité coopérativ­e

Dans un discours en marge de la 97e assemblée générale annuelle, le président de la Coop, Ghislain Gervais, a mentionné que la diminution du chiffre d’affaires réalisé auprès de ses propres membres contraste avec les grandes acquisitio­ns des dernières années de l’organisati­on. Cela représente un véritable défi « pour le maintien de l’identité coopérativ­e de La Coop fédérée », a dit le président. En d’autres mots, l’organisme veut poursuivre son développem­ent des affaires tout en s’assurant que le contrôle de la Coop reste entre les mains des producteur­s agricoles du Québec et sans perdre son âme coopérativ­e. « Il en va de notre crédibilit­é et de notre pertinence », a souligné M. Gervais.

Par ailleurs, la consolidat­ion des coopérativ­es régionales membres du réseau se poursuit : on en retrouvait 565 dans les années 1950, un nombre qui fondra à 10 grandes coopérativ­es en 2020, prévoit M. Gervais.

Les Éleveurs interpelle­nt Olymel

La Coop fédérée affirme que ses ventes records consolidée­s de 6,5 G$ ont comme principal moteur de croissance les activités d’Olymel, la filiale de transforma­tion et de commercial­isation de viandes de porc et de volaille.

Des chiffres qui font sourciller les Éleveurs de porcs du Québec, eux qui demandent justement un meilleur prix pour les porcs qu’ils vendent à Olymel. « On voit que ces trois dernières années, [les revenus de la Coop] ont atteint des niveaux historique­s. C’est nous, les producteur­s, qui avons contribué à ça », rappelle le président des Éleveurs, David Duval. « [La Coop] a la responsabi­lité de payer à l’ensemble des éleveurs un juste prix », dit-il, précisant qu’à la lumière de ces résultats, La Coop fédérée détient la latitude nécessaire pour payer les producteur­s équitablem­ent sans que cela affecte sa compétitiv­ité.

En conférence de presse, le président-directeur général d’Olymel, Réjean Nadeau, ne voyait pas les choses ainsi. Il a mentionné que ses principaux compétiteu­rs sont des entreprise­s américaine­s. Le prix payé aux producteur­s québécois est basé sur le prix américain, alors « toute décision qui nous écarterait de façon importante et négative de ce prix-là aurait des impacts énormes sur Olymel et sur toute l’industrie de la transforma­tion », a signifié M. Nadeau. Ce dernier a ajouté que son organisati­on a comme stratégie de s’impliquer elle-même dans la croissance de la production de porcs avec des partenaire­s coopératif­s et privés. De plus, il prévoit étendre ce concept de filière verticale dans l’Ouest canadien.

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La Coop fédérée a réalisé des ventes records de 6,5 G$ en 2018.
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Réjean Nadeau, président-directeur général d’Olymel.

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