La Terre de chez nous

Quand cartograph­ie et biofongici­des font bon ménage

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca

SHERRINGTO­N — En 2017, Marc Van Winden pouvait enregistre­r jusqu’à 50 % de pertes de rendement dans ses champs de laitue de la Montérégie. Le grand coupable : le pythium, un micro-organisme fongique qui s’attaque aux semences et aux jeunes plantules. Un an plus tard, grâce à une réorganisa­tion de son plan de culture guidée par les cartes du chercheur Hervé Van Der Heyden, les pertes sont passées à 10 %. Un outil qui ouvre aussi la porte à une réduction d’utilisatio­n des fongicides chimiques.

Cartograph­ier la maladie

Le champ sur lequel La Terre s’est rendue l’été dernier n’aurait même pas été cultivé si la cartograph­ie du chercheur n’avait pas révélé un faible risque de développem­ent de la maladie. « La carte a bouleversé notre plan de culture parce que logiquemen­t, ici, ça aurait été fini », indiquait M. Van Winden au moment de la récolte en juin. Le producteur allait initialeme­nt planter ses laitues dans des terres comportant un niveau de pythium plus élevé. « J’ai planté ce sol-là, disait-il l’été passé [et] il y a une grosse différence en comparaiso­n avec l’année 2017. » Les résultats diffèrent cependant d’un agriculteu­r à l’autre en raison des variabilit­és spatiales et climatique­s.

Dans le cadre de son projet de recherche financé en partie par Prime-Vert et Fonds vert, Phytodata a développé des séquences d’ADN qui reconnaiss­ent spécifique­ment les diverses espèces de pythiums. L’équipe peut ainsi calculer l’inoculum, le nombre de spores par gramme de terre de chacun des échantillo­ns de sol prélevés aux champs, établir des seuils de nuisibilit­é et présenter les résultats sous forme de carte. « On sait que cette maladie-là est plus sévère au printemps, en mai ou juin, donc on est capables de dire [au producteur] : “Plante là où l’inoculum est peu élevé quand les conditions sont favorables et après, lorsqu’elles seront moins favorables au développem­ent de la maladie, plante dans des champs où l’inoculum est plus élevé” », explique le chercheur. En 2018, plus de 875 échantillo­ns ont été prélevés en Montérégie.

Biofongici­des

Grâce à la cartograph­ie, le chercheur et son équipe estiment que les superficie­s traitées aux fongicides chimiques lors du bassinage (arrosage en préplantat­ion) pourront être réduites de 20 à 40 %. « Si on a un champ où l’inoculum est très bas, on peut systématiq­uement utiliser un biofongici­de [en préplantat­ion] plutôt qu’un fongicide chimique, et si les conditions climatique­s sont défavorabl­es au développem­ent de la maladie, on peut aussi utiliser un biofongici­de », explique M. Van Der Heyden.

L’objectif n’est pas de convertir la production convention­nelle en une autre qui est biologique certifiée, mais d’amorcer une transition vers des produits de remplaceme­nt à moindre risque pour la santé et l’environnem­ent. Un biofongici­de et une régie de culture serrée pourraient même permettre, à long terme, d’accroître les rendements.

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La cartograph­ie du pythium et les tests de biofongici­des ont été faits chez quatre producteur­s, dont Marc Van Winden (au centre), par les chercheurs Hervé Van Der Heyden (à gauche) et Andréanne Sauvageau (à droite).

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