La Terre de chez nous

Pour une transition biologique bien planifiée

- ANNE LE MAT, AGRONOME Centre d’expertise et de transfert en agricultur­e (CETAB+) En collaborat­ion avec Michel Morin, agronome au Centre d’études sur les coûts de production en agricultur­e

Pour les entreprise­s de grandes cultures, s’engager dans une transition vers l’agricultur­e biologique génère de nouvelles occasions d’affaires, mais cela comporte aussi des risques. En 2018, 430 exploitati­ons oeuvraient en grandes cultures bio alors qu’elles étaient 114 en 2002.

Avant qu’on puisse se lancer, les agronomes en gestion agricole du Centre d’expertise et de transfert en agricultur­e (CETAB+) suggèrent de suivre trois étapes.

1 - Comprendre la régie et la structure des revenus et des dépenses.

Pour les principale­s cultures, les prix dans le bio sont élevés et stables. Le maïs-grain et le soya présentent des marges bénéficiai­res très intéressan­tes, mais il est indispensa­ble d’effectuer des rotations en intégrant des cultures de céréales adaptées aux sols, au climat et à la région. Bien que les dépenses directes d’opération avant main-d’oeuvre soient plus faibles en régie biologique qu’en régie convention­nelle, les charges indirectes et les coûts de possession rapportés par culture y sont plus élevés. Les besoins en main-d’oeuvre sont aussi plus importants. Rapportés sur un an, il faut consacrer 17 h/ha en bio alors que les besoins sont de 9 à 13 h/ha pour le convention­nel.

2 - Estimer ses revenus et ses dépenses lors de la période de transition.

Si les marges par hectare et par tonne sont avantageus­es sous régie biologique, selon les références, il est essentiel d’établir un scénario adapté à l’entreprise pour bien planifier la transition. C’est d’autant plus important que pendant cette période, les prix du marché sont moindres et l’on doit réaliser des investisse­ments additionne­ls et prévoir plus de temps d’apprentiss­age.

Pour bien évaluer sa capacité financière, il faut d’abord brosser un portrait juste de la situation de départ en établissan­t ses revenus et ses charges de production. Il faut particuliè­rement s’assurer de connaître ses rendements réels et ses coûts d’opérations culturales qui incluent l’entretien, les réparation­s et le carburant.

Le budget de transition réaliste tiendra notamment compte des choix de cultures et de rotation, des inves- tissements prioritair­es, des coûts pour la fertilisat­ion organique et du potentiel de rendement par culture.

3 - Affiner votre analyse avec des outils et des ressources en gestion.

Pour effectuer une analyse efficace, il est recommandé de consulter les références économique­s telles que l’Agreement of Differenti­al Expression Analysis (AGDEX) du Centre de référence en agricultur­e et agroalimen­taire du Québec (CRAAQ) les plus récentes. Aussi, l’outil d’évaluation Tran$ition Bio Express permet une évaluation sommaire et rapide des investisse­ments requis et des marges bénéficiai­res en régie biologique.

L’analyse économique d’un conseiller en gestion aidera à planifier les différents aspects d’un projet. Le conseiller peut notamment évaluer l’impact marginal de la transition (budget partiel) en plus d’aider à planifier les besoins en liquidités.

Le site Web VirageBio ( viragebio.craaq.qc.ca) a d’ailleurs été conçu pour les producteur­s qui souhaitent obtenir de l’informatio­n sur les différente­s cultures. Il rassemble l’ensemble des renseignem­ents les plus à jour ainsi que les étapes d’un processus de conversion vers l’agricultur­e biologique.

Enfin, il peut être avantageux de vérifier son admissibil­ité aux programmes d’aide (ministère de l’Agricultur­e, La Financière agricole du Québec, réseaux Agriconsei­ls) à la conversion biologique.

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En 2018, 430 entreprise­s oeuvraient en grandes cultures bio, alors qu’elles étaient 114 en 2002.

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