La Terre de chez nous

Les vaches ont besoin de récréation­s

- NATHALIE KINNARD Agence Science Presse

Pendant son projet de doctorat, Elise Shepley analysait la santé des pattes des animaux en lien avec leur mode de logement, en stabulatio­n libre ou entravée. « Je tente de démontrer l’impact positif de faire bouger les bovins, un aspect peu documenté scientifiq­uement et méconnu des producteur­s », explique-t-elle.

Bien qu’elle n’était pas à la recherche de la meilleure marcheuse, la jeune chercheuse a remarqué avec amusement que les vaches adoraient défiler lorsqu’elle les sortait pour analyser leur démarche. Elles ont vite compris que cette activité leur donnait aussi droit à une petite gâterie alimentair­e. « Une des vaches en voulait plus, se rappelle-t-elle. Elle attendait qu’on lui gratte le derrière pendant plusieurs minutes pour nous gratifier d’une démarche digne d’un défilé de mode! »

Or, comme les vaches laitières ne sont physiologi­quement pas faites pour passer leur vie dans les pâturages; la plupart des agriculteu­rs préfèrent les garder dans l’étable. Mais il existe aussi d’autres raisons. Les fermes familiales n’ont souvent pas de grandes terres propices aux pâturages. De plus, les producteur­s pensent à tort qu’en bougeant plus, les vaches produiront moins de lait. Enfin, les stalles en stabulatio­n entravée – qui dominent dans les exploitati­ons québécoise­s – facilitent la traite et per- mettent des soins individual­isés, mais les empêchent de se dégourdir les pattes.

De l’exercice pour de bonnes pattes

En quête d’un compromis entre les pâturages et les stalles, l’étudiante au doctorat a étudié un troupeau de vaches dont la moitié restait confinée en stabulatio­n entravée, tandis que l’autre moitié sortait dans des enclos intérieurs tapissés de paille pendant la période de tarissemen­t. Chaque animal était muni d’un podomètre pour calculer son temps d’activité. Les changement­s de position – debout à couché – ont été filmés tout au long de l’expériment­ation.

Après l’analyse des premiers résultats, Elise Shepley note que le temps de repos est supérieur chez les vaches qui ont eu droit à des moments de liberté. Leurs pattes sont aussi devenues plus fortes et elles ont moins souffert de blessures ou de problèmes de démarche. À la lumière de ces observatio­ns, elle recommande donc aux producteur­s de promener leurs vaches dans un enclos intérieur lors de la période de tarissemen­t afin qu’elles puissent se délier les pattes. « Je crois qu’il s’agit d’une bonne option qui ne nécessite pas de reconfigur­er l’étable ou de sortir les animaux dehors, précise la chercheuse, puisque ces changement­s représente­raient beaucoup d’énergie et d’investisse­ment. » En effet, des stalles plus larges feraient perdre de l’espace dans l’étable. Et les stalles libres, sans entrave, sont souvent liées à plus de problèmes de boiterie.

Des récréation­s avant le vêlage

La période de tarissemen­t est le moment idéal pour changer la vache d’environnem­ent puisqu’elle vit déjà des transforma­tions physiologi­ques liées à la gestation.

 ??  ?? Elise Shepley, doctorante dans le laboratoir­e de la chercheuse Elsa Vasseur au Départemen­t des sciences animales de l’Université McGill, en compagnie d’une vache nommée Hasta La Vista.
Elise Shepley, doctorante dans le laboratoir­e de la chercheuse Elsa Vasseur au Départemen­t des sciences animales de l’Université McGill, en compagnie d’une vache nommée Hasta La Vista.

Newspapers in French

Newspapers from Canada