La Terre de chez nous

Apprendre à cultiver le cannabis

- MARIE-CLAUDE OUELLET Agence Science-Presse

D’entrée de jeu, Anja Geitmann, doyenne de la Faculté des sciences de l’agricultur­e et de l’environnem­ent de l’Université McGill, clarifie les choses : les nouvelles formations sur la culture du cannabis, qui seront offertes dans le cadre du programme des Sciences de l’agricultur­e et de l’environnem­ent, ne s’adressent pas à monsieur et madame Tout-le-Monde qui souhaitera­ient faire pousser quelques plants de cannabis à la maison. Ces cours sont destinés aux détenteurs d’un baccalauré­at en agronomie ou dans un domaine connexe comme la biologie végétale, la technologi­e horticole ou le génie des bioressour­ces, qui souhaitent poursuivre leur carrière dans l’industrie de la culture du cannabis à grande échelle.

« Nous comptons accueillir de 20 à 30 étudiants dès janvier 2020 », précise Mme Geitmann. Durant huit mois, les étudiants suivront des formations théoriques telles que biologie, contrôle des ravageurs et des maladies, aspects légaux et éthiques, commercial­isation à des fins thérapeuti­ques et plusieurs autres, puis ils feront un stage de 12 semaines en industrie. Bien que ces cours ciblent la culture de cannabis à des fins thérapeuti­ques, les connaissan­ces s’appliquero­nt également au marché récréatif.

Une intensific­ation de la recherche

Avant la légalisati­on du cannabis au Canada, pratiqueme­nt aucun chercheur universita­ire ne pouvait cultiver ou étudier la plante. Par conséquent, il reste énormément à apprendre sur ses vertus médicinale­s. Les perspectiv­es d’emploi sont aussi excellente­s puisqu’on estime que le secteur aura besoin de plus de 100 000 travailleu­rs qualifiés au cours des prochaines années. Les étudiants formés à l’Université McGill pourront occuper, entre autres, des postes de maîtres cultivateu­rs (responsabl­es de la production de cannabis en serre), de gestionnai­res de l’assurance qualité, de chefs d’équipe en développem­ent de produits, de microbiolo­gistes et de spécialist­es en irrigation.

« Nous sommes en train de monter un centre de recherche sur le cannabis qui réunira une cinquantai­ne de chercheurs en provenance des départemen­ts des sciences végétales, de médecine et de génie », explique Mme Geitmann. Les sujets d’étude sont très variés, allant de la résistance du cannabis aux champignon­s pathogènes aux vertus de cette plante pour traiter l’asthme, les nausées et certaines formes d’épilepsie, et calmer la douleur chronique.

Un secteur d’avenir pour les agriculteu­rs

La doyenne est aussi convaincue que la culture du cannabis médical attirera des personnes qui, a priori, ne s’intéressai­ent pas à l’agricultur­e, mais qui souhaitent relever des défis. Présenteme­nt, au Québec, les techniques de production de cette plante ne reposent pas encore sur de solides bases scientifiq­ues. C’est pourquoi les industries font des essais en serre (hydroponie, aéroponie, culture en plein sol) pour déterminer les méthodes les plus prometteus­es pour une production de qualité en quantité suffisante. « Nous assistons à un mariage entre l’agricultur­e et la pharmacolo­gie », conclut-elle.

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Lorsque l’Université McGill aura obtenu une licence de Santé Canada, elle produira des plants de cannabis à des fins de recherche et de formation.

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