La Terre de chez nous

Les transforma­teurs réclament plus de travailleu­rs étrangers

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca @josianne.desjardins.98

Des usines de transforma­tion agroalimen­taire peinent à contrer la pénurie de main-d’oeuvre avec le nombre maximal de travailleu­rs étrangers temporaire­s (TET) qu’elles sont autorisées à embaucher.

Le seuil, en vigueur depuis 2016 et fixé à 10 % par les conservate­urs de Stephen Harper, limite le développem­ent des entreprise­s. Le président-directeur général d’Olymel, Réjean Nadeau, a fait une sortie médiatique la semaine dernière pour demander au gouverneme­nt fédéral d’augmenter le plafond à 15 %, voire même à 20 % de TET dans ses usines.

« On souhaite que notre croissance puisse se réaliser. Et pour ça, la dispo- nibilité de la main-d’oeuvre est essentiell­e », enchaîne Richard Vigneault, responsabl­e des communicat­ions pour la compagnie. En raison de l’agrandisse­ment de son usine à Yamachiche, Olymel cherche encore à recruter 200 employés sur les 314 postes à pourvoir.

Solution obligée

Si le fait d’embaucher des TET est une solution de « dernier recours », elle est toutefois devenue inévitable. « Nous avons un programme de référencem­ent [pour nos employés]. […] On crée des foires de l’emploi, on utilise la radio, on organise des portes ouvertes. On essaie vraiment toutes sortes de méthodes de recrutemen­t », soutient M. Vigneault. Mais force est de constater que la maind’oeuvre locale n’est pas au rendez-vous.

Cette situation est encore plus préoccupan­te dans les régions rurales, où le bassin de main-d’oeuvre est restreint. Un constat partagé par Gerry Van Winden, président de Vegpro Internatio­nal, à Sherringto­n, qui doit conjuguer avec un grand roulement d’employés provenant surtout de Montréal. « Quand tu veux avoir des travailleu­rs plus formés, ils viennent souvent d’agences [pour un mandat temporaire]. C’est difficile de faire une planificat­ion », explique-t-il.

Dans ce contexte, l’idée d’augmenter le plafond des TET à 20 % lui semble totalement justifiée. « Et le vrai 10 %, on a déjà de la misère à l’avoir avec les délais de traitement [des demandes] », enchaîne M. Van Winden.

Prévenir le pire

Du côté d’Exceldor, on n’a pas encore atteint le seuil de 10 % de TET dans les usines de volailles, mais cela risque d’arriver d’ici un an, selon Nicolas Bilodeau, directeur des ressources humaines. « C’est important de revenir à un plafond supérieur. C’est ce qu’on dit depuis des années. À moyen ou long terme, ce ne sera pas assez », estime-t-il.

Il y a un an, l’entreprise a mis sur pied un projet-pilote à son usine de SaintAnsel­me avec une dizaine de TET. On prévoit déjà en embaucher 43 de plus pour l’été 2019. Du côté de l’usine de SaintDamas­e, on évalue la possibilit­é d’avoir recours à des TET prochainem­ent. « Ça peut faire une différence pour maintenir nos activités », souligne M. Bilodeau. D’autant plus qu’il est de plus en plus difficile de recruter des étudiants pour l’été et que les employés actuels sont davantage sollicités pour faire des heures supplément­aires.

« Ça fait cinq ans que je crie qu’on manque de main-d’oeuvre et qu’il faut assouplir certaines règles. J’ai l’impression de prêcher dans le désert. » – Gerry Van Winden, Vegpro Internatio­nal

 ??  ??
 ??  ?? Vegpro Internatio­nal, à Sherringto­n, doit conjuguer avec un grand roulement d’employés provenant surtout de Montréal.
Vegpro Internatio­nal, à Sherringto­n, doit conjuguer avec un grand roulement d’employés provenant surtout de Montréal.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada