La Terre de chez nous

Québec doit mieux financer Au coeur des familles agricoles

- YVON LAPRADE Collaborat­ion spéciale

SAINT-HYACINTHE — Pour faire face aux « besoins grandissan­ts » d’aide psychologi­que auprès des producteur­s, l’organisme Au coeur des familles agricoles (ACFA) prévoit doubler le nombre de travailleu­rs et de travailleu­ses de rang sur l’ensemble du territoire québécois. Mais pour ce faire, Québec doit hausser son financemen­t.

« On voudrait voir passer ce nombre de 5 à 10, calcule son directeur général, René Beauregard. Mais pour cela, nous aurons besoin du financemen­t accru de l’État. » ACFA reçoit une aide équivalant à 25 % de son budget de fonctionne­ment. L’organisme souhaitera­it « que le ministère de la Santé et des Services sociaux relève son aide à 60 %, ce qui serait encore inférieur au niveau d’aide de 75 % consenti à bien d’autres organisati­ons ».

Concrèteme­nt, ACFA, dont le budget annuel se chiffre à 728 500 $ en 2019, sollicite une aide financière de 450 000 $ du gouverneme­nt Legault pour atteindre ses objectifs et payer le salaire des intervenan­ts.

Questionné par La Terre, le ministre de l’Agricultur­e, André Lamontagne, qui prenait part à l’assemblée générale annuelle de l’organisme, n’a rien promis, mais il a eu cette réaction : « Je veux me faire le représenta­nt auprès de la ministre de la Santé [Danielle McCann] pour l’encourager à avoir une oreille attentive envers les familles agricoles afin qu’ultimement, elle leur accorde du soutien. » Il a néanmoins tenu à préciser qu’il souhaite aider ACFA à « avoir une plus grande stabilité dans [son] financemen­t ». Le ministre a profité de l’occasion pour annoncer une contributi­on de 25 000 $ à l’organisme en puisant les fonds à même son enveloppe discrétion­naire. « C’est un geste qu’on apprécie », a commenté René Beauregard.

Encore plus d’interventi­ons

Chose certaine, comme l’ont relevé les dirigeants d’ACFA, le nombre d’interventi­ons sur le terrain par les travailleu­rs et travailleu­ses de rang va en augmentant, année après année. « On a fait 1 157 inter- ventions en 2017. Ce nombre a grimpé à 1 617 en 2018, résume René Beauregard. Au rythme où vont les choses, on devrait faire plus de 2 000 interventi­ons cette année. On le voit, on le perçoit : plus on propose nos services, plus on reçoit de demandes d’aide. »

Éviter le suicide

L’organisme déplore toutefois que les producteur­s « n’aient pas tous accès aux services d’accompagne­ment », d’où l’importance de rayonner dans toutes les régions du Québec.

« Il faut que notre monde se reconnaiss­e dans les services offerts et voie le bien-fondé de nos actions afin d’inciter les agriculteu­rs à venir chercher de l’aide au besoin », relève le directeur général. Une vision que partage Jaclin Bisaillon, président d’ACFA, lui-même producteur à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix.

« La détresse psychologi­que frappe les producteur­s agricoles, mais ça demeure un sujet tabou. On en parle trop peu. » – René Beauregard, directeur général d’Au coeur des familles agricoles

Pas question, cependant, de faire le travail dévolu aux intervenan­ts des services de santé. « Nous ne sommes pas habilités à aider les personnes suicidaire­s, insiste René Beauregard. Nous avons une connaissan­ce du terrain. On va voir les agriculteu­rs dans leur ferme pour éviter que leurs idées suicidaire­s prennent le dessus. »

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Le ministre André Lamontagne (au centre) a dit avoir « une oreille attentive » à l’égard de l’organisme d’aide aux familles agricoles. On le voit en présence de René Beauregard, directeur général, et de Jaclin Bisaillon, président.

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