La Terre de chez nous

Nouvelle réglementa­tion pour un usage judicieux des antibiotiq­ues

- DRE VÉTÉRINAIR­E HÉLÈNE LARDÉ, MÉDECIN Faculté de Montréal de médecine vétérinair­e de l’Université́ DR JONATHAN MASSÉ, MÉDECIN VÉTÉRINAIR­E Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal DAVID FRANCOZ, DMV, M. SC. Diplomate à l’American Co

La résistance aux antibiotiq­ues est un phénomène naturel connu depuis longtemps, mais leur mauvais usage chez l’humain et les animaux accélère le développem­ent de cette dernière. Une vaste étude, menée par des chercheurs de la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal, est en cours dans une centaine de fermes laitières du Québec pour documenter l’utilisatio­n des antibiotiq­ues au sein des troupeaux et observer une possible résistance qui s’y développer­ait. Cette étape importante permettra de brosser un portrait juste de la situation et ainsi de formuler les recommanda­tions appropriée­s.

Classés en quatre catégories d’importance pour les médecins, les antibiotiq­ues à usage vétérinair­e de catégorie 1 regroupent ceux de très haute importance pour la médecine humaine. Ils sont considérés comme essentiels pour le traitement de maladies graves puisqu’il existe peu ou pas de produits de remplaceme­nt. Au Québec, le nouveau règlement du ministère de l’Agricultur­e « vise à interdire l’utilisatio­n à titre préventif et à délimiter l’emploi à titre curatif des antibiotiq­ues de catégorie 1 ». Ces normes servent à protéger leur efficacité chez l’humain et les animaux afin de réduire les risques d’échec de traitement et de mortalité. La santé animale et humaine est interrelié­e, et nous devons travailler ensemble pour la préserver.

Certains produits injectable­s disponible­s pour les vaches laitières, comme l’Excenel, l’Excede, l’Eficur, le Cevaxel et le Ceftiocyl, contiennen­t un antibiotiq­ue de catégorie 1, le ceftiofur. L’administra­tion d’un traitement qui ne respecte pas les directives sur l’étiquette favorise le développem­ent de résistance des bactéries présentes dans le troupeau.

Or, on trouve également ce type d’antibiotiq­ues dans deux autres produits injectable­s : le Baytril et le A180. Ceux-ci sont prescrits pour le traitement des maladies respiratoi­res chez les jeunes animaux, bien qu’il existe d’autres options thérapeuti­ques efficaces. Deux produits intramamma­ires, le Spectramas­t LC et le Spectramas­t DC, contiennen­t aussi du ceftiofur. Dorénavant, l’utilisatio­n de cet antibiotiq­ue en prévention au tarissemen­t sera simplement interdite. Pour traiter la mammite clinique durant la lactation, encore une fois, d’autres solutions sont possibles.

Enfin, un tube intramamma­ire très populaire, le Special Formula 17900Forte, contient également un antibiotiq­ue de très haute importance, qu’on appelle la polymyxine B. Saviez-vous que le « 17900 » ne compte pas moins de quatre antibiotiq­ues et de l’hydrocorti­sone, un anti-inflammato­ire? Cette formulatio­n est appréciée parce que l’inflammati­on du quartier diminue rapidement. Cet effet est attribuabl­e à l’anti-inflammato­ire plutôt qu’à l’efficacité des antibiotiq­ues. Une autre option pour traiter une vache dont l’un des quartiers est enflé – sans autre atteinte à son état général – serait d’utiliser un anti-inflammato­ire par voie intramuscu­laire ou intraveine­use. De plus, il est démontré qu’une mammite clinique sur deux ne nécessite pas de traitement antibiotiq­ue puisque les bactéries sont éliminées naturellem­ent par le système immunitair­e de la vache.

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Une vaste étude est en cours dans une centaine de fermes laitières du Québec pour documenter l’utilisatio­n des antibiotiq­ues au sein des troupeaux et observer une possible résistance.

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