La Terre de chez nous

J’aurais donc dû…

- ANNIE DROLET Agrimom

Cette phrase me turlupine depuis quelques jours. Quand arrive une tragédie, on essaie toujours de penser à ce qu’on aurait pu faire pour l’éviter. Souvent, on se souvient qu’on avait constaté que quelque chose clochait. Mais la routine de la vie nous rattrape et on remet à plus tard.

Dernièreme­nt, notre serre s’est effondrée sous le poids de la neige. Depuis Noël, comme tout le monde, on est à nos pelles et à nos souffleuse­s. Souffle la cour de la maison, souffle la cour du bâtiment, souffle le secteur de la serre, pellette devant les portes de la maison, du garage, des kiosques, des serres… Déblaie une, deux, trois, quatre fois le toit de la maison, deux, trois fois le poulailler ainsi que le garage. On regarde la serre : la neige glisse, mais il en reste un peu. On souhaite que le soleil la fasse fondre pour vider un peu tout ça. Les bancs de neige montent et montent. Finalement, on ne sait plus trop où la mettre, cette neige. Devrait-on déblayer cette toile? Si oui, comment? C’est haut. Allons-nous la briser?

Une partie a fondu, ce n’est pas si pire. Ça devrait tenir le coup pour la prochaine bordée. Et un beau matin, la serre est à terre. Je suis comme dans un mauvais rêve, ça ne se peut pas. Tant de travail investi depuis six ans à construire, à améliorer et à cultiver.

Est-ce qu’on reconstrui­t? On regarde tout le travail accompli, mais aussi celui à venir, à refaire. Une énorme montagne! Le soutien de mon nouveau cercle social, et ce, depuis la création de la ferme, est l’un des aspects que je n’avais pas envisagés.

La famille et les amis toujours fidèles, en plus des collègues de travail, des voisins et des clients, croient en nous, en nos produits et en notre entreprise, et veulent se mobiliser. Tous ces gens font une différence pour la suite. Finalement, après quelques jours, on se dit qu’on n’a pas travaillé pour rien. On a eu du bonheur, de la fierté, une expérience et de bons légumes produits dans ce bâtiment. Le temps est maintenant venu d’ajouter les « j’aurais donc dû » aux bagages de connaissan­ces, de regarder en avant et de recommence­r pour le mieux!

 ?? Un beau matin, la serre est à terre. Je suis comme dans un mauvais rêve, ça ne se peut pas. Tant de travail investi depuis six ans à construire, à améliorer et à cultiver. ??
Un beau matin, la serre est à terre. Je suis comme dans un mauvais rêve, ça ne se peut pas. Tant de travail investi depuis six ans à construire, à améliorer et à cultiver.
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