Élan de solidarité
OTTAWA — Bill Morneau, le ministre des Finances, promet de verser 2,15 G$ pour indemniser les producteurs laitiers, de volailles et d’oeufs, frappés par les récents accords de libre-échange avec l’Europe et de la zone transpacifique. Une autre somme, cette fois à hauteur de 1,5 G$, ira aux agriculteurs « pour garantir la valeur des quotas » au moment de la vente de ces droits de production. Ces montants s’ajoutent aux 250 M$ déjà consentis aux producteurs sous gestion de l’offre qui ont subi les contrecoups des accords commerciaux.
Toutefois, dans un point de presse suivant le dépôt du 4e budget du gouvernement Trudeau, le 19 mars, le ministre est resté flou sur les modalités et les échéanciers entourant la distribution de ces sommes d’argent. « Nous allons continuer nos discussions avec les producteurs », a-t-il simplement commenté.
Cela a fait réagir le professeur en agroéconomie de l’Université Laval, Daniel-Mercier Gouin : « Comment ça sera versé? Et sur combien d’années? Et combien le Québec va-t-il obtenir? On ne sait rien. »
Cela porte à croire, selon des sources bien au fait du dossier, que le gouvernement Trudeau pourrait profiter de la campagne électorale de l’automne prochain pour faire ses « annonces » sur le terrain, dans les régions agricoles concernées par ces ententes.
Quoi qu’il en soit, le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, a accueilli « favorablement » les mesures annoncées par le ministre Morneau, tout en concédant ne pas connaître « les détails des modalités ».
Les grands perdants du budget demeurent les industriels laitiers, déplore par ailleurs le PDG du Conseil des industriels laitiers du Québec, Charles Langlois. « Il n’y a pas un sou pour la transformation, a-t-il signalé. Pourtant, le gouvernement était parfaitement au courant de nos besoins, que nous avions clairement identifiés lors des discussions au sein du comité de travail avec le ministre de l’Agriculture. »
Odeur d’élection
Un budget préélectoral, le budget du ministre Morneau? Le principal intéressé s’en est défendu en présence des journalistes qui lui ont posé la question. Chose certaine, sur l’enjeu agricole, bien des questions restent pour l’instant sans réponse, en particulier sur les répercussions commerciales touchant l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, qui a fait l’objet d’une entente, mais qui n’a pas encore été ratifié.
Fait à noter, les enjeux agricoles, essentiellement liés aux accords commerciaux, tiennent sur quelques petits paragraphes dans le volumineux budget de 525 pages où il est mentionné, entre autres, que « le gouvernement continuera de travailler en partenariat avec les intervenants de la gestion de l’offre ».