La Terre de chez nous

Les impacts des changement­s climatique­s sur l’industrie du sirop d’érable

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Depuis le début des années 2000, plusieurs acériculte­urs expriment leur inquiétude relativeme­nt aux conséquenc­es des changement­s climatique­s sur leur industrie. « Ils se demandent si ce secteur restera viable tant du point de vue économique que de celui du processus de la coulée de sève, relate Benoît Côté, professeur agrégé et directeur des études graduées au Départemen­t des sciences des ressources naturelles de l’Université McGill. Ça m’a incité à me pencher sur cette question au début des années 2010. De tous les impacts anticipés, j’en ai relevé cinq qui pourraient se produire ou non d’ici 2050. »

La date d’entaillage

Il faut s’attendre à une plus grande variabilit­é en ce qui concerne la date d’entaillage des érables à sucre. Par exemple, à l’Arboretum Morgan du Campus Macdonald, l’entaillage s’est traditionn­ellement fait le 1er mars. Mais en 2012, la coulée a eu lieu bien avant cette date et cette année, elle s’est produite plus tardivemen­t. Par contre, il est possible que le nombre de jours de coulée – environ 20 – ne soit pas affecté outre mesure par les changement­s climatique­s.

Le couvert de neige

On prévoit également une plus grande variabilit­é quant à la quantité de neige au sol. Lorsqu’il y en a beaucoup, la températur­e dans l’érablière peut se maintenir plus longtemps autour du point de congélatio­n, ce qui favorise la coulée de l’eau d’érable. « Ça facilite aussi l’approvisio­nnement en neige des propriétai­res de cabanes à sucre qui offrent de la tire sur la neige aux visiteurs. Quand elle n’est pas au rendez-vous, ils s’adaptent en faisant des réserves », ajoute M. Côté.

Les redoux hivernaux

Quand le redoux hivernal est majeur en intensité et en durée, cela peut provoquer l’ouverture (débourreme­nt) des bourgeons de façon prématurée. Ces derniers sont condamnés à mourir lors du gel suivant, ce qui oblige l’arbre à produire une deuxième série de bourgeons. Ce processus exige beaucoup d’énergie.

Les précipitat­ions estivales

Les modèles climatique­s prévoient des étés plus chauds et pluvieux au Québec. C’est une bonne nouvelle pour l’érable à sucre, car il tolère mal la sécheresse estivale.

L’avenir de l’acéricultu­re

Selon M. Côté, « les acériculte­urs ne devraient pas s’inquiéter outre mesure à court et à moyen terme. L’industrie du sirop d’érable existera encore en 2050 et même possibleme­nt en 2090. Toutefois, ils devront adapter certaines de leurs pratiques. Par exemple, quand les érables font face à plusieurs menaces comme des épidémies d’insectes et un débourreme­nt hâtif des bourgeons, je conseille de les ménager en réduisant le nombre d’entailles ou le niveau de succion à l’entaille. Il faut donner une chance aux arbres de se refaire une santé », conclut-il.

 ??  ?? Depuis sa jeunesse, le professeur Benoît Côté est un amoureux de la forêt. Il étudie principale­ment la nutrition de cette dernière, une spécialité qui exige d’excellente­s connaissan­ces des sols et de la physiologi­e des arbres. On le voit ici à l’Arboretum Morgan.
Depuis sa jeunesse, le professeur Benoît Côté est un amoureux de la forêt. Il étudie principale­ment la nutrition de cette dernière, une spécialité qui exige d’excellente­s connaissan­ces des sols et de la physiologi­e des arbres. On le voit ici à l’Arboretum Morgan.

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