Enfin de nouveaux abattoirs
Propulsés par un programme de Québec, neuf abattoirs régionaux ont démarré ou se sont modernisés au cours des derniers mois. Malgré les millions investis, certaines régions restent mal desservies.
Après avoir vu le nombre d’abattoirs fondre comme neige au soleil avec l’imposition de nouvelles normes environnementales et de bien-être animal, une nouvelle vague d’entrepreneurs, appuyés par des programmes gouvernementaux, prend la relève pour transformer le bétail dans toutes les régions du Québec.
Au cours des derniers mois, de nouveaux abattoirs de proximité ont ouvert leurs portes au Lac-Saint-Jean, dans le Centre-du-Québec et dans Lanaudière, et des abattoirs provinciaux ont démarré leurs activités en Outaouais et en Montérégie. Après la saignée des abattoirs de 2012 à 2017, une vague d’investissements vient combler les besoins en région.
Le 1er novembre, la Ferme Harvey, située à Sainte-Jeanne-d’Arc, dans le nord du Lac-Saint-Jean, a ouvert un abattoir de proximité dans une région mal desservie par les transformateurs. « Je vais offrir le service d’abattage aux producteurs de bovins, de porcs, de sangliers et d’agneaux, soutient Dominique Harvey, propriétaire de l’exploitation, et qui élève 45 boeufs Highland et des sangliers. Il y a beaucoup d’abattoirs clandestins et on voulait éliminer ce problème-là en donnant le service aux gens qui en ont besoin. »
Il existait certes un abattoir de proximité à Alma, mais les distances étaient jugées trop grandes par plusieurs agriculteurs et le service n’était pas adapté à leurs besoins. C’était du moins le cas de Dominique Harvey, qui souhaite mettre en marché une viande de boeuf distinctive.
D’abattoir de proximité à abattoir provincial
À Marieville, Martin Noiseux, propriétaire de la Boucherie Abattoir Noiseux, a décidé de transformer son abattoir de proximité en abattoir provincial afin de desservir le marché de Sherbrooke et de Montréal. Pour y parvenir, il a dû investir 3,3 M$, notamment pour construire une nouvelle usine d’épuration destinée à traiter les eaux usées. « Ça fait de très gros paiements et ça amène beaucoup de stress, mais les affaires vont de mieux en mieux », soutient l’homme qui aimerait augmenter ses volumes de ventes.
En Outaouais, un abattoir provincial a également ouvert ses portes, à Shawville, en novembre dernier, grâce à un investissement de 3,5 M$ réalisé par Alain Lauzon et deux partenaires musulmans. Leur plan : transformer le boeuf, l’agneau et la viande sauvage tout en misant sur un marché de niche, la viande halal. « La demande est là et on veut en profiter », remarque Alain Lauzon, qui emploie une douzaine de personnes.
Même son de cloche pour Dominic Girard, qui a décidé d’ajouter un abattoir de proximité à la Boucherie D. Girard, de Saint-Edmond-de-Grantham, dans le Centre-du-Québec. « J’ai beaucoup de clientèle haïtienne qui commande des animaux à la dernière minute, et c’était toujours compliqué de faire tuer les bêtes plus loin », souligne l’homme qui a bénéficié d’une aide de 200 000 $ du Programme d’appui à la compétitivité des abattoirs régionaux (PACAR) pour bâtir son abattoir de près de 400 000 $.
D’une soixantaine en 2012, il n’y a plus que 29 entreprises à détenir un permis d’abattoir de proximité.