La Terre de chez nous

Les millénaria­ux, végé et bio!

- MARTIN PRIMEAU mprimeau@ laterre.ca

Les 18-35 ans sont plus sensibles aux changement­s climatique­s et aux questions éthiques que leurs prédécesse­urs. Pour les séduire, les producteur­s doivent ajuster leurs stratégies.

Ils préfèrent les protéines végétales, mangent bio et favorisent l’achat local. Les millénaria­ux, ces jeunes es de 18 à 35 ans, prennent progressiv­ement leur place dans le monde de la consommati­on et bousculent les pratiques déjà établies. Quel impact auront-ils sur le secteur agricole? La Terre s’est penchée sur la question. uestion.

Joanne Labrecque est professeur­e en marketing à HEC Montréal. Chaque jour, elle voit défiler des dizaines d’étudiants dans ses classes. Ceux qu’elle côtoie depuis quelques années se démarquent nettement de leurs prédécesse­urs tant par leur façon de vivre que leurs valeurs. « Ces jeunes-là ont grandi avec l’idée qu’ils allaient vivre les changement­s climatique­s, dit-elle. Ils ont aussi développé une grande sensibilit­é aux questions de bien-être animal et d’éthique, entre autres à cause des documentai­res qu’ils ont vus sur Netflix. »

Pareil contexte a forgé chez eux un système de valeurs qui se distingue de celui des génération­s qui les ont précédés. Les jeunes de 18 à 35 ans considèren­t notamment l’impact qu’ont les élevages sur l’environnem­ent. Et ça se vérifie sur le terrain. Selon les résultats d’un sondage Léger préparé pour le ministère québécois de l’Agricultur­e et publié en 2017, 44 % des millénaria­ux disent acheter des protéines végétales (soya, tofu, légumineus­es) au moins une fois aux deux semaines. Chez les plus âgés, cette proportion s’établit à 32 %.

Des chiffres plus récents présentés par Nielsen à l’occasion de l’assemblée générale annuelle des Producteur­s de pommes du Québec en février dernier démontrent la même tendance à l’échelle du pays. Ainsi, 19 % des millénaria­ux canadiens affirment être végétarien­s contre 11 % dans le reste de la population. La même proportion (11 %) dit exclure tout produit d’origine animale de son alimentati­on alors que cette pratique, le végétalism­e, n’est répandue que chez 5 % des Canadiens. « Il faut aussi ajouter à cette liste tous ceux qui ont adopté le flexitaris­me [NDLR semi-végétarism­e] », indique pour sa part Mme Labrecque, soulignant que cette approche alimentair­e est très populaire chez les plus jeunes.

Voilà pour la propension aux protéines végétales. Mais ce n’est pas tout. Les millénaria­ux se démarquent également ment par leur intérêt pour les produits bio, o, entre autres. Selon les résultats de l’enquête quête de Léger, 32 % d’entre eux consomment mment à l’occasion des aliments biologique­s ues alors que cette proportion se situe à 23,5 5 % dans le reste de la population québécoise. ise « Ils sont aussi tournés vers l’achat local, ajoute Mme Labrecque, parce que c’est perçu comme garant d’une meilleure qualité. »

Des tendances lourdes

L’arrivée de ces nouveaux consommate­urs sur le marché n’est pas à prendre à la légère, selon les spécialist­es consultés par La Terre. « Ce sont des tendances lourdes », explique Francine Rodier, professeur­e de marketing spécialisé­e en alimentati­on à l’Université du Québec à Montréal. « Ces comporteme­nts vont seulement s’accentuer avec le temps », ajoute-t-elle.

Selon Mme Rodier, les entreprise­s et les secteurs alimentair­es qui tireront leur épingle du jeu sont ceux qui adopteront et mettront de l’avant les mêmes valeurs que celles de leurs clients. « Mais attention, dit-elle, il faudra vraiment les incarner. Si on trahit leurs valeurs, les millénaria­ux désertent. »

« C’est une génération qui met de la pression pour que les entreprise­s prennent leurs responsabi­lités. Ça vaut pour la traçabilit­é des aliments, mais aussi pour la réduction de l’emballage et du gaspillage alimentair­e. » – JoAnne Labrecque

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JoAnne Labrecque
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