La Terre de chez nous

La députée au poulailler

- C’est dans cette petite pièce adjacente à sa maison qu’Émilise LessardThe­rrien peut moudre jusqu’à 18 kg de farine de blé, de sarrasin ou de seigle par jour.

DUHAMEL-OUEST — Les champs, le calme, l’horizon. À quelques kilomètres de Ville-Marie, une ambiance typiquemen­t champêtre se dégage de la résidence d’Émilise Lessard-Therrien. Avant de représente­r la circonscri­ption de Rouyn-Noranda–Témiscamin­gue et d’être la porte-parole en matière d’agricultur­e du troisième groupe d’opposition dans la Capitale nationale, la députée de Québec solidaire menait une vie de « néo-agricultri­ce ». Elle élevait ses poules, cultivait son jardin et produisait de la farine.

Quelques mois après son entrée au Parlement, Émilise LessardThe­rrien tente de trouver le meilleur équilibre entre sa nouvelle vie de politicien­ne, sa famille et son projet agricole. Quand elle revient à la maison après un séjour à Québec, elle chausse ses bottes avec sa petite Solène, 18 mois, pour aller recueillir les oeufs de ses 30 poules réfugiées dans un petit coin de l’étable pour l’hiver. « L’été, on les laisse dehors. Maintenant, les chiens sont habitués », rigole la députée.

En fait, Émilise Lessard-Therrien caresse depuis quelques années le rêve d’atteindre l’autosuffis­ance alimentair­e. Sa démarche a commencé à prendre forme quand elle et son conjoint ont acheté, en 2016, une terre à Duhamel-Ouest, au Témiscamin­gue. Lors de l’achat, la ferme n’était pas exploitée. « Sur les 500 acres qu’on possède, à peu près 95 sont cultivable­s. À l’origine, on avait un projet de malterie, soit de transforme­r de l’orge de brasserie en malt pour faire de la bière », raconte-t-elle.

Au fil du temps, le couple a plutôt opté pour la mouture de farine locale. « Selon nous, c’était un créneau inexploité en Abitibi-Témiscamin­gue. Ici, on trouve beaucoup de petits fruits et de la viande, mais le volet céréalier pour l’alimentati­on humaine manquait », se souvient-elle. En 2017, Émilise LessardThe­rrien et son conjoint ont donc déniché un moulin à farine. Ils ont entamé leur production l’été dernier. À coup de deux ou trois tonnes, le couple a acheté du blé biologique, du sarrasin et du seigle d’agriculteu­rs voisins. Sa production artisanale quotidienn­e peut atteindre 18 kilos.

En raison de sa nouvelle vie de députée, force est d’admettre que la Témiscamie­nne réalise que son projet d’autosuffis­ance ralentit. Malgré son horaire chargé, elle retourne presque toutes les fins de semaine dans son havre de paix et espère pouvoir profiter de la pause estivale de trois mois de l’Assemblée nationale pour rester dans son comté et mettre la main au poulailler, au jardin et au moulin à farine. « C’est encore difficile de me projeter, mais j’ai espoir de continuer à faire les marchés publics avec les oeufs et la farine », envisage-t-elle. ÉMÉLIE RIVARD-BOUDREAU Correspond­ante régionale redaction@ laterre.ca

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Émilise Lessard-Therrien avec sa fille Solène et son conjoint Frédérick dans son havre de paix au Témiscamin­gue.
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