La Terre de chez nous

La ratificati­on loin d’être assurée

- Charles-Philippe David

Vertement dénoncé par les producteur­s laitiers d’ici, l’Accord Canada–États-Unis– Mexique (ACEUM) ne semble pas être en voie d’être ratifié par les trois pays.

Plus de six mois après l’annonce de l’entente, les trois partenaire­s commerciau­x tardent à ratifier l’Accord. Le processus se trouve maintenant pris entre deux élections : le scrutin fédéral du 21 octobre prochain et celui aux États-Unis en novembre 2020. « On entre dans une zone de turbulence extrême », explique Charles-Philippe David, président de l’Observatoi­re sur les États-Unis et fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiqu­es et diplomatiq­ues.

Depuis la séance de signatures réunissant les dirigeants des trois pays, Donald Trump a multiplié les attaques verbales envers ses homologues canadien et mexicain. De plus, le 45e président des États-Unis n’accepte toujours pas de lever les tarifs sur l’acier et l’aluminium en provenance de ses deux partenaire­s commerciau­x.

Recul

Conclu en septembre, l’ACEUM élargit l’accès au marché canadien pour les produits laitiers américains, en plus de limiter les débouchés pour le lait produit ici. « C’est un recul pour nos producteur­s laitiers », reconnaît Charles-Philippe David. Ce dernier se dit surpris par l’ampleur des concession­s laitières canadienne­s. « Les pertes économique­s pour les agriculteu­rs américains et la menace canadienne ont été exagérées aux États-Unis. Ça fait partie de la façon d’opérer de Donald Trump », assure le spécialist­e de la politique américaine.

À son avis, la plus grande menace de l’ACEUM réside dans son article 10, qui accorde aux États-Unis un droit de regard sur les prochains traités de libreéchan­ge négociés par Ottawa. « C’est un recul historique et une violation de notre souveraine­té. Je suis très inquiet de cette dispositio­n », a dénoncé le professeur de sciences politiques.

Agenda politique

Le paysage politique américain a également changé depuis la conclusion de l’ACEUM. Ainsi, lors des élections de mi-mandat de novembre dernier, le Parti démocrate a repris le contrôle de la Chambre des représenta­nts. Les Démocrates, traditionn­ellement plus protection­nistes que les Républicai­ns, réclament maintenant de meilleures conditions de travail pour les travailleu­rs mexicains avant de donner leur aval à l’Accord. Ottawa ne semble pas enclin à se rasseoir à la table de négociatio­n. La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a déclaré la semaine dernière à l’agence Reuters qu’une réouvertur­e de l’Accord constitue une boîte de Pandore. « On n’est pas au bout de nos peines », résume Charles-Philippe David.

Au fur et à mesure que les élections canadienne et américaine approchent, les chances de ratificati­on de l’ACEUM s’éloignent.

 ??  ?? Les Canadiens iront aux urnes le 21 octobre, alors que les Américains éliront leur prochain président en novembre 2020. Ces deux échéances pourraient bien perturber la ratificati­on de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.
Les Canadiens iront aux urnes le 21 octobre, alors que les Américains éliront leur prochain président en novembre 2020. Ces deux échéances pourraient bien perturber la ratificati­on de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.
 ??  ??
 ?? JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN ??
JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN

Newspapers in French

Newspapers from Canada