La Terre de chez nous

Une explosion de prix bienvenue

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca

Bénéfician­t d’un prix qui frôle les 200 $/100 kg, les producteur­s de porcs de la province respirent enfin. Depuis cinq semaines, le prix moyen a bondi de 50 % et les experts s’entendent pour dire que la remontée perdurera à moyen terme.

« Enfin, on voit la lumière au bout du tunnel, souligne le directeur général des Éleveurs de porcs du Québec, Jean Larose. Pour l’instant, les producteur­s voient une perspectiv­e pour panser les blessures et refaire des liquidités, mais ça va prendre pas mal plus que ça pour qu’ils se remettent à investir. » En juillet 2018 au Québec, le prix avait atteint un creux qui ne s’était pas vu depuis une vingtaine d’années. Une dégringola­de causée par la chute du prix de référence américain, conséquenc­e des tarifs douaniers sur le porc américain imposés par la Chine et le Mexique.

« Depuis un an, c’est la première fois que je vois une hausse aussi forte, souligne l’économiste du Centre de développem­ent du porc du Québec, Louis-Carl Bordeleau. Si l’on se fie aux contrats à terme, ça devrait continuer à augmenter. Les prévisions sont à la hausse pour les prochains mois dans le prix du porc. »

La Chine

Comme le prix au Québec est directemen­t lié à celui des États-Unis, c’est vers la dynamique sur ce marché qu’il faut chercher une explicatio­n. Plusieurs raisons semblent justifier la hausse du prix, mais toutes convergent vers la Chine. D’abord, la peste porcine africaine continue de faire des ravages dans ce pays, qui produit près de la moitié du porc de la planète. « C’est toujours très difficile d’avoir des chiffres officiels, mais les observateu­rs parlent maintenant de 30 % de baisse du cheptel chinois, […] ce qui a un impact majeur sur la production mondiale », indique M. Larose.

Il y aurait déjà une augmentati­on des importatio­ns afin de satisfaire les consommate­urs chinois, poursuit-il. Cependant la hausse actuelle des prix serait majoritair­ement stimulée par l’anticipati­on de la demande à venir par les importateu­rs chinois.

Plus récemment, la remontée des prix a permis d’exporter de la viande américaine en Chine. « Il y a eu des exportatio­ns de très gros volumes vers la Chine, malgré les tarifs [douaniers en vigueur] », indique pour sa part le président-directeur général de Canada porc internatio­nal, Martin Lavoie.

En outre, les rumeurs de conclusion d’une entente commercial­e entre la Chine et les États-Unis contribuen­t aussi à l’augmentati­on du prix. « Dans l’éventualit­é où certains accords seraient signés, c’est sûr que ça aiderait beaucoup les exportatio­ns américaine­s, ce qui encourager­ait encore plus une remontée du prix américain », soutient Louis-Carl Bordeleau.

Newspapers in French

Newspapers from Canada