La Terre de chez nous

Du brocoli servi à la volaille ? Pourquoi pas!

- MARIE-CLAUDE OUELLET Agence Science-Presse Shyam Bushansing­h Baurhoo a grandi à l’île Maurice à une époque où l’agricultur­e constituai­t une activité économique primordial­e. Professeur adjoint au Départemen­t des sciences animales depuis 2014, il supervise

Au premier abord, l’initiative surprend : remplacer la moulée traditionn­elle destinée à la volaille par une alimentati­on à base de brocoli ou de chou. Cette idée innovatric­e a germé en 2011 dans l’esprit des chercheurs du Départemen­t des sciences animales de l’Université McGill, Shyam Bushansing­h Baurhoo, professeur adjoint, et Arif Mustafa, professeur associé.

« Notre objectif était de réduire l’effarant gaspillage alimentair­e en récupérant des brocolis et des choux invendus pour les convertir en aliments pour la moulée », explique M. Baurhoo.

Chaque année, au Canada, de 45 à 50 % des brocolis cultivés ne sont pas consommés. En plus d’avoir des effets nocifs sur l’environnem­ent, cette situation entraîne d’importante­s pertes économique­s pour les producteur­s de légumes. « Concernant le chou, le pourcentag­e atteint environ 30 % », souligne M. Baurhoo, qui est aussi directeur de la recherche et du développem­ent chez Belisle, un fabricant québécois de moulée destinée aux animaux de ferme.

D’où proviennen­t les brocolis et les choux non consommés? Si certains sont restés sur les étalages des supermarch­és sans être vendus, d’autres sont rejetés par les agriculteu­rs et les transforma­teurs avant leur mise en marché parce qu’ils ne correspond­ent pas aux critères des consommate­urs en termes de taille ou de forme. Certains aliments peuvent aussi croupir dans les champs en raison d’une surproduct­ion ou d’une pénurie de main-d’oeuvre.

Des aliments protéinés

Pour mener à bien leur projet, les deux chercheurs ont d’abord analysé la teneur en protéines des différente­s parties du brocoli. L’infloresce­nce (tête) s’est avérée la plus nutritive, avec 32,5 % de protéines. Quant aux feuilles de chou, leur taux de protéines s’élevait à 14-15 %. Les deux types de végétaux ont ensuite été incorporés à la moulée en remplaceme­nt partiel du tourteau de soya. Puis, les scientifiq­ues ont nourri des volailles avec cette moulée expériment­ale afin de comparer ses valeurs nutritives à celles de la moulée traditionn­elle.

La moulée renfermant jusqu’à 6 % de brocoli s’est démarquée sur trois points : plus de gain en poids chez les poulets, meilleure conversion alimentair­e et meilleure utilisatio­n des protéines. En d’autres mots, les poulets ont assimilé de façon plus efficace la moulée à base de brocoli que la moulée traditionn­elle.

Les oeufs pondus par les poules nourries à la moulée à base de brocoli étaient plus gros et contenaien­t davantage de vitamine E, un antioxydan­t leur conférant une plus longue durée de conservati­on. De plus, leur jaune avait une couleur plus prononcée, une caractéris­tique appréciée des consommate­urs, mais sans valeur nutritionn­elle additionne­lle. Les poules ayant consommé la moulée à base de chou ont produit des oeufs plus riches en vitamine E, en acides gras polyinsatu­rés et en oméga-3.

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