Comment éviter une autre pénurie ?
Les éleveurs de ruminants, propriétaires de chevaux, commerçants de fourrage et toutes les personnes oeuvrant dans le secteur des plantes fourragères m’en voudront peut-être de revenir sur l’année 2018. Toutes et tous, nous souhaitons l’oublier, préférant mettre nos espoirs dans la nouvelle saison qui va s’amorcer un jour lorsque la neige et le froid laisseront enfin place à la vie.
Pourtant, peut-on faire oeuvre utile, tirer des enseignements de cette éprouvante sécheresse? Je suis de ceux qui pensent qu’il y a là au moins une opportunité de lancer une discussion sur la fragilité de notre secteur face aux aléas climatiques. Je ne parle pas ici de réagir à ces derniers, car des scientifiques s’en chargent déjà en essayant, grâce à la modélisation, de comprendre comment les écosystèmes propres aux cultures fourragères vont se comporter dans le futur.
Ce qui nous intéresse, c’est de tenter de cibler d’autres avenues non explorées qui nous aideraient éventuellement à faire face à une pénurie de fourrage, car ce qui a été frappant en 2018, c’est l’étendue du phénomène de température élevée combinée à un manque de précipitations sur de vastes superficies en Amérique du Nord.
Peut-on s’inspirer du secteur des céréales et des oléagineux, où les acteurs accordent une grande importance aux stocks de report qui, en plus de servir à rassurer la population, font en sorte de stabiliser les prix? Et l’on ne manquera pas de pain ni d’autres produits de base en cas de récoltes désastreuses. Plus près de nous, la réserve stratégique de sirop d’érable est un autre exemple qui joue ce rôle.
D’autres avenues relativement peu explorées existent. Connaissons-nous bien les espèces qui ont des capacités d’adaptation à la sécheresse? Parmi les variétés qui sont traditionnellement cultivées, peut-on en améliorer certaines? Peut-on mieux adapter la fertilisation? Nos techniques de travail du sol et de semis sont-elles adéquates pour faire face à des situations particulières?
Le futur pôle d’expertise sur lequel oeuvre un comité formé d’administrateurs et de personnes-ressources du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), aidé de deux consultants du groupe Agéco, devrait voir le jour à l’automne. Ce pôle, réclamé par l’ensemble des représentants du secteur des plantes fourragères, pourrait devenir l’endroit où l’on envisagerait justement des plans visant à sécuriser un tant soit peu l’approvisionnement en fourrages.
Finalement, permettez-moi de remercier la direction de La
Terre d’offrir à nos fidèles chroniqueurs et au CQPF la possibilité de faire connaître et rayonner le vaste secteur des plantes fourragères.
Bonne saison!