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Listeria : comment faciliter le travail des transforma­teurs

- PHILIPPE FRAVALO, PH. D. Professeur en santé publique vétérinair­e à l’Université de Montréal

En plus de faire en sorte que la bactérie

Listeria monocytoge­nes soit absente de la production d’aliments depuis 2011, la loi canadienne, intitulée Politique sur la présence de la Listeria monocytoge­nes dans les aliments prêts-à-manger, exige une surveillan­ce de l’environnem­ent complet de l’usine. Pour faciliter le travail des transforma­teurs, un ambitieux programme de recherche est mené dans quatre usines d’abattage et de découpe du porc au Québec.

Réalisée par la Chaire de recherche en salubrité des viandes ( CRSV) de l’Université de Montréal, à la Faculté de médecine vétérinair­e à SaintHyaci­nthe, une étude vise à mieux comprendre les caractéris­tiques des bactéries qui entrent dans l’usine par le biais de la viande crue. Ainsi, le programme accompagne les industriel­s et contribue à améliorer continuell­ement la qualité microbiolo­gique des produits. Dans une stratégie de filière, ces travaux tentent donc de diminuer l’apport de souches indésirabl­es dans les usines de transforma­tion au Québec et au Canada.

Une étude de 2015 a démontré qu’il n’y avait pas de lien entre les différente­s compositio­ns et textures d’acier inoxydable présentes dans les usines et la quantité de bactéries des viandes transférée­s vers ces surfaces.

Nettoyage et désinfecti­on

L’équipe a également découvert la présence récurrente de ce type de bactéries après les opérations de nettoyage et de désinfecti­on. Toutefois, celles retrouvées dans le secteur de l’abattage différaien­t de celles repérées dans les ateliers de découpe.

Ces souches résistante­s aux activités de nettoyage et de désinfecti­on possèdent des propriétés particuliè­res. Elles peuvent former des biofilms – un amas structuré de cellules bactérienn­es enrobé d’une matrice qui s’attache aux surfaces et qui offrent à ces bactéries une protection –, en plus de pouvoir développer une résistance aux antimicrob­iens couramment utilisés pour la désinfecti­on.

Contrairem­ent à la propagatio­n par récurrence en raison de l’arrivée successive de bactéries avec les carcasses, les souches de Listeria monocytoge­nes se propagent surtout selon un profil de persistanc­e, c’est-à-dire par colonisati­on des usines. Cette dernière est très problémati­que, d’autant plus que l’étude confirme que ces Listeria monocytoge­nes partagent les mêmes caractéris­tiques que des souches retrouvées dans les cas de listériose­s humaines. La priorité est donc d’adapter les techniques de nettoyage en production de viande crue pour contrer leur multiplica­tion en fonction de leurs caractéris­tiques précises.

Cependant, d’autres résultats d’études indiquent la présence d’autres genres bactériens associés à la détection de

Listeria monocytoge­nes, mais dans certains convoyeurs seulement. L’équipe tente maintenant de comprendre si

Listeria monocytoge­nes profite, d’une façon ou d’une autre, de la présence de ces autres bactéries. La détection de la bactérie en cours d’activités ou après le nettoyage et la désinfecti­on serait associée à la présence d’autres bactéries.

Si ces résultats confirment cette collaborat­ion bactériolo­gique sur ces surfaces, ils permettron­t d’établir de nouvelles stratégies, complément­aires à une désinfecti­on optimisée.

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Un ambitieux programme de recherche est mené dans quatre usines d’abattage et de découpe du porc au Québec.

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