La Terre de chez nous

La solitude est encore trop présente en milieu rural

- HÉLEN BOURGOIN, T.E.S. Travailleu­se de rang dans le Centre-du-Québec

La solitude peut parfois et malheureus­ement prendre différente­s formes. Il est triste de constater que même si l’on dispose de plus en plus de moyens de communicat­ion, plusieurs en souffrent encore. Voici trois histoires bien distinctes qui démontrent que cette réalité existe bel et bien en milieu agricole.

Jacques, un producteur maraîcher, s’inquiète pour son amie. « Hier soir, je lui ai rendu visite. C’est une ex-agricultri­ce qui a perdu son conjoint accidentel­lement, il y a quelques années, confie-t-il. À la suite du décès de son mari, elle a dû vendre le troupeau, faute de pouvoir s’en occuper sans lui. Elle vit dans une maison maintenant vide et trop grande, ses enfants ayant tous quitté le nid familial et la région. » En tant qu’ami, il aimerait bien faire plus pour elle, mais il est restreint par son manque de disponibil­ité. « J’ai mon entreprise, ma famille à moi et mes tracas. » Jacques sait que cette femme trouve sa situation difficile. Déjà, il en fait beaucoup : il lui offre son écoute et sa présence lorsqu’il le peut. Il pourrait aussi, par exemple, l’inviter à faire du bénévolat, à se joindre à des groupes communauta­ires de sa région, à aller aux cafés de rang, etc.

La vie à la ferme comporte son lot de difficulté­s. Il n’est pas rare de voir les jeunes couples en souffrir. Voici une autre histoire qui montre que la solitude n’a pas d’âge. Un fils de producteur s’est retrouvé seul lorsque sa conjointe l’a quitté après le transfert de l’exploitati­on et l’achat d’une maison. À présent, les rares occasions de sortir lui rappellent qu’il est seul et sans compagne. Puisque la solitude peut frapper tout un chacun, il est important de s’obliger à sortir, à contacter un ami et à rencontrer des gens. Si l’on veut aider quelqu’un qui se sent isolé, pourquoi ne pas lui offrir une soirée entre amis, l’inviter à boire une bière ou lui téléphoner pour prendre de ses nouvelles?

Finalement, voici une dernière histoire qui brosse le portrait d’une nouvelle réalité familiale. « Début trentaine, travaillan­t, père d’un jeune enfant, Jonathan vit la garde partagée. Il se sent bien seul, la semaine. Il s’ennuie de son gamin, de son ex-conjointe et de son ancienne vie de famille. Il n’a pas choisi cette situation, mais la subit, seul dans son rang, dans sa ferme », raconte un voisin inquiet au sujet de ce producteur. Il croit qu’il ne peut rien faire pour changer le cours des choses. « Il se sent abandonné, seul. Son estime de lui-même en a pris un coup et son moral aussi », ajoute l’homme dans la cinquantai­ne. Pour l’aider, le voisin du jeune homme l’invite à s’entretenir d’agricultur­e et à écouter des matchs de hockey pour prendre de ses nouvelles. Il voit bien que Jonathan « en arrache » avec la cuisine et le ménage et l’invite donc à dîner de temps à autre.

Ces trois histoires rappellent l’importance des contacts humains. Dans une société de communicat­ion, rien ne remplace les échanges verbaux. Chaque personne a besoin de discuter et d’être en présence de l’autre. Parfois un sourire, un mot simple, une poignée de main ou une accolade peuvent faire la différence. Si vous connaissez quelqu’un qui semble souffrir de solitude, n’hésitez pas au besoin à le référer à un travailleu­r de rang de votre région.

Puisque la solitude peut frapper tout un chacun, il est important de s’obliger à sortir, à appeler un ami et à rencontrer des gens.

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