La Terre de chez nous

Le comporteme­nt des porcs s’explique-t-il par leur diète?

- De plus en plus d’études scientifiq­ues révèlent qu’un lien existe entre le comporteme­nt des porcs et la compositio­n de leur flore intestinal­e, souvent appelée microbiote.

DR SYLVAIN QUESSY

Médecin vétérinair­e et professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal et directeur de recherche

NASSIMA RABHI

Étudiante à la maîtrise Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal

NICOLAS DEVILLIERS, PH. D. LUIGI FAUCITANO, PH. D.

Chercheurs scientifiq­ues chez Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada et codirecteu­rs de recherche

On entend de plus en plus parler de l’importance des bonnes bactéries pour la santé intestinal­e. Ce que l’on sait moins, c’est que de plus en plus d’études scientifiq­ues indiquent, tant chez les animaux de laboratoir­e que chez l’homme, qu’il y a un lien entre le comporteme­nt et la compositio­n de la flore intestinal­e, souvent appelée microbiote. Chez les porcs, pourrait-il exister un lien entre la compositio­n de ce dernier et le mordillage de la queue? Ce problème très commun est associé non seulement à un enjeu de bien-être animal, mais également à des pertes économique­s et à la salubrité des viandes.

Mordeurs versus mordus

En fait, les abcès à la queue et à la colonne vertébrale sont fréquents chez les animaux mordus et peuvent entraîner la contaminat­ion de la viande.

Des chercheurs de la Chaire de recherche en salubrité des viandes de la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal, en collaborat­ion avec des chercheurs d’Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada de Lennoxvill­e, ont donc comparé, avec des conditions sur le terrain, la compositio­n et la structure du microbiote intestinal de groupes formés de 12 porcs normaux en engraissem­ent à ceux de 12 porcs mordeurs et d’autres mordus. Ils ont de plus mesuré le cortisol sanguin des animaux suivis afin d’évaluer leur état de stress.

Sans surprise, les niveaux de cortisol ont révélé que ceux qui avaient été mordus étaient stressés, mais fait un peu plus étonnant, les mordeurs démontraie­nt également des taux plus élevés, ce qui laisse croire que ce comporteme­nt est induit par un stress environnem­ental.

En analysant le microbiote intestinal de ces animaux et en dénombrant certains genres bactériens, il a été possible d’observer que la compositio­n et la structure de celui des porcs normaux étaient significat­ivement différente­s de celui des porcs mordus et mordeurs.

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