La Terre de chez nous

L’étoile du cidre de glace pâlit

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca @josianne.desjardins.98

Même si les ventes annuelles de cidre québécois progressen­t, celles des cidres de glace s’essoufflen­t. À la Société des alcools du Québec (SAQ), elles ont diminué de moitié en six ans, passant de 9 M$ en 2010 à environ 4,5 M$ en 2016, selon les données les plus récentes fournies par les Producteur­s de cidre du Québec. Malgré tout, les principaux producteur­s de cette boisson haut de gamme n’ont pas l’intention d’abdiquer.

« Le produit a souffert d’un manque d’innovation », estime Bertrand Deltour, président de Pomdial, qui a racheté les marques Pinnacle et Neige il y a près d’un an. Le cidre de glace a la réputation d’être une bonne idée de cadeau. « À un moment donné, on ne peut pas toujours offrir la même chose. Les gens se lassent », poursuit M. Deltour.

Sans dévoiler ses nouvelles stratégies d’affaires, le président de la compagnie dit « travailler fort » pour donner un second souffle à la marque en prévision du temps des Fêtes. « On a des cartes à jouer pour réengager la clientèle et lui rappeler qu’on a un produit emblématiq­ue qui fait notre fierté », affirme-t-il.

« On ne peut pas vivre dans le déni », admet le président de l’Associatio­n des producteur­s de cidre du Québec, Marc-Antoine Lasnier, concernant le manque d’intérêt à l’égard du cidre de glace. Même s’il constate que bien des consommate­urs se tournent vers des produits plus secs, le propriétai­re de la Cidrerie Milton est néanmoins convaincu que cette boisson haut de gamme conserve son fort attrait pour les initiés.

Guerre au sucre?

Le cidriculte­ur Hugo Poliquin avance une hypothèse pour expliquer le changement de cap de la clientèle. « Le sucre a mauvaise presse. On traverse quelque chose d’intense avec des produits qui ont jusqu’à 240 g de sucre résiduel par litre », soulève le producteur de Mont-Saint-Hilaire. S’il continue tout de même à fabriquer du cidre de glace, il remarque que de nouveaux cidriculte­urs l’ont carrément ignoré. Un constat partagé par M. Lasnier, qui souligne que le produit ne figure pas dans les plans d’affaires d’au moins six entreprise­s émergentes.

Cependant, ce désintérêt pour les cidres de glace semble profiter au plus grand vendeur de cette catégorie à la SAQ, le Domaine Lafrance, de SaintJosep­h-du-Lac. Le propriétai­re Éric Lafrance a même vu une légère augmentati­on des ventes de son produit l’an dernier. Il est convaincu que le cidre de glace demeure prisé par les touristes.

Il remarque tout de même que « la tarte a diminué » et qu’il ne pourrait pas y avoir de la place pour 10 joueurs sur les tablettes de la SAQ.

 ??  ?? Alors que les ventes globales de cidre ont augmenté, celles du cidre de glace ont diminué de moitié à la Société des alcools du Québec entre 2010 et 2016.
Alors que les ventes globales de cidre ont augmenté, celles du cidre de glace ont diminué de moitié à la Société des alcools du Québec entre 2010 et 2016.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada