La Terre de chez nous

Un doute sur la promesse de Trudeau

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca Que pensez-vous des promesses du fédéral concernant la gestion de l’offre? tcn@laterre.ca

En dépit des promesses de Justin Trudeau « de ne plus rien demander aux producteur­s laitiers » désormais, le discours des négociateu­rs canadiens laisse planer un doute sur la possibilit­é que la gestion de l’offre serve une fois de plus de monnaie d’échange.

« On a demandé trois fois aux producteur­s laitiers d’en faire un peu plus et je peux vous dire qu’on ne leur demandera plus rien parce que les accords qu’on est en train de négocier et ceux qu’on négociera dans l’avenir ne leur porteront plus aucune atteinte. C’est une promesse que je peux vous faire aujourd’hui », avait indiqué Justin Trudeau, lors d’une assemblée publique à Saint-Hyacinthe, le 18 janvier. Le représenta­nt du fédéral Jean-Claude Poissant a d’ailleurs rappelé la promesse du premier ministre à l’assemblée générale annuelle des Producteur­s de lait du Québec (PLQ), le 18 avril.

Échos différents

« Si M. Trudeau a pris un engagement, je peux vous dire que ça ne s’est pas rendu aux négociateu­rs », a par la suite révélé le président de l’Union des producteur­s agricoles, Marcel Groleau, aux délégués des PLQ. Lors d’une récente rencontre du conseil d’administra­tion de la Fédération canadienne de l’agricultur­e où il siège, M. Groleau a entendu un représenta­nt du fédéral faire le bilan des négociatio­ns commercial­es avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). Il a ainsi appris que « tout était sur la table » et que les enjeux sensibles, dont les produits sous gestion de l’offre, n’étaient pas discutés « pour l’instant », ce qui laisse planer un doute sur l’issue des discussion­s.

Questionné par La Terre, le gouverneme­nt libéral se contente d’affirmer qu’« au début des négociatio­ns […], il est courant que les parties adoptent une approche ouverte afin de communique­r de manière adéquate et complète leurs sensibilit­és et leurs intérêts. Le Canada souhaite obtenir des engagement­s équilibrés en matière d’accès aux marchés, tout en protégeant les intérêts canadiens. Le gouverneme­nt du Canada continuera de défendre fermement la gestion de l’offre au Canada et sur la scène internatio­nale », a précisé le porte-parole d’Agricultur­e Canada, par courriel. Il s’agit d’une réponse identique à celle du ministère des Affaires étrangères et à laquelle La Terre avait demandé des précisions une semaine auparavant.

Pour sa part, le bureau du premier ministre n’a pas répondu à notre demande de clarifier la position du gouverneme­nt concernant la défense de la gestion de l’offre dans le cadre des négociatio­ns avec les pays du Mercosur. Quant à la ministre de l’Agricultur­e, Marie-Claude Bibeau, elle n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

État d’avancement

Depuis mars 2018, le Canada discute d’un accord de libre-échange avec quatre pays d’Amérique du Sud qui sont d’importants producteur­s de boeuf, de volaille, d’oeufs et de lait. Leur climat plus chaud confère à ces puissances agricoles un immense avantage sur le Canada.

À ce jour, cinq rondes de négociatio­ns ont eu lieu, dont la plus récente à Ottawa en mars dernier. Une prochaine rencontre est prévue en juin.

Selon Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada, les parties visent une « libéralisa­tion ambitieuse des droits de douane et des règles sur les mesures non tarifaires ».

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En janvier, Justin Trudeau s’est arrêté à Saint-Hyacinthe et Regina (sur la photo) où il a promis de ne plus rien concéder dans les production­s sous gestion de l’offre.

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