La Terre de chez nous

Forte concurrenc­e dans les paniers bio

- MARTIN MÉNARD mmenard@laterre.ca

Après des années de dur labeur, Joscelyne Charbonnea­u et Sylvain Brunet ont pris la décision de vendre leur ferme maraîchère qui offrait notamment des paniers bio. « Après plusieurs années difficiles, malgré tous nos efforts, ceux de toute l’équipe et des investisse­ments importants d’investisse­urs extérieurs, nous devons nous rendre à l’évidence que nous sommes incapables de continuer à opérer comme nous le faisons présenteme­nt. Cette décision nous attriste profondéme­nt, mais nous n’avons plus d’autre choix », avaient écrit par courriel les deux propriétai­res à leurs abonnés aux paniers, en septembre 2017. Ils ont par la suite réussi à poursuivre quelque temps la livraison de paniers, mais ont finalement vendu leur entreprise au début de 2019.

En 1997, les Jardins de la Montagne ont été créés par le couple qui cultivait 10 hectares de légumes et de fines herbes. L’expropriét­aire Sylvain Brunet n’a pas voulu commenter la vente, mais Enes Tucic, son employé de longue date, a confié à

La Terre que les problèmes de rentabilit­é ont miné l’entreprise. « On faisait notre possible, mais ce n’était pas facile. La concurrenc­e est rendue forte dans les paniers bio et il y a plusieurs autres fournisseu­rs qui se sont ajoutés. On regardait un magasin comme Avril qui écoulait ses brocolis bio du Mexique à 2 $, mais nous, si on voulait arriver, il fallait demander 4 $ », mentionne celui qui a travaillé pendant 16 ans aux Jardins de la Montagne.

Il salue l’effort des anciens propriétai­res. « Ils ont vraiment tout donné! Quand on a eu des orages désastreux en 2006, ça leur a coûté près de 150 000 $ de leur poche. En 2013, nous avions beaucoup de tomates et nous avons eu de la maladie. Ça aussi, ça a coûté cher », explique M. Tucic qui oeuvre aujourd’hui pour le nouveau propriétai­re Peter Sergakis. Ce dernier le considère d’ailleurs comme le pilier de cette ferme bio.

Des abandons chaque année

Les Jardins de la Montagne vendaient leurs paniers sans être membres du Réseau des fermiers de famille de l’organisme Équiterre. Ils ne sont toutefois pas les seuls à avoir quitté ce type d’agricultur­e. Entre deux et cinq exploitati­ons abandonnen­t la production de paniers bio chaque année, affirme Gaëlle Zwicky, la chargée de projets du Réseau, qui compte 116 fermes cette année.

Elle mentionne que certains agriculteu­rs éprouvent des problèmes de mise en marché ou connaissen­t des ratés au champ. Ceux qui quittent la production de paniers bio sont majoritair­ement les propriétai­res de fermes en démarrage qui avaient surévalué toutes les exigences associées à un tel projet.

Par contre, le commerce des paniers bio est globalemen­t en croissance au Québec. De nouvelles fermes s’ajoutent chaque année, explique Mme Zwicky. Elle constate cependant que la concurrenc­e augmente dans le commerce des paniers bio avec de plus en plus de formules compétitiv­es, comme celles de Lufa et du Jardin des Anges, qui offrent le choix des aliments à la pièce et revendent les produits d’autres entreprise­s. Cela force les agriculteu­rs du réseau à se remettre en question et à s’adapter aux besoins de leurs clients. « On ne surfe pas sur les acquis. Il faut travailler dur pour que le Réseau des fermiers de famille continue de se démarquer », conclut Mme Zwicky.

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Selon Équiterre, entre deux et cinq exploitati­ons abandonnen­t la production de paniers bio chaque année.
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Enes Tucic

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