La Terre de chez nous

L’homme qui parle aux chevaux et aux gens

- MARTIN MÉNARD mmenard@laterre.ca

CHÉNÉVILLE — Au volant de sa camionnett­e, le maréchal-ferrant Olivier Dufresne semble connaître tous les gens qu’il croise sur la rue principale de son village. La vitre baissée, sourire aux lèvres, il salue tantôt un homme sur le trottoir, tantôt une vieille dame qui traverse devant lui.

Quelques kilomètres plus loin, il donne une franche poignée de main, puis discute avec un acériculte­ur chez qui il passe aux trois mois pour prodiguer des soins de pieds à ses deux gros chevaux belges. « C’est sûr qu’on porte toujours le chapeau d’outsider. Mais après 15 ans, je me sens très bien intégré ici », dit avec fierté M. Dufresne, originaire de la Montérégie et qui a déménagé en Outaouais pour le travail. « Quand tu arrives dans un nouveau coin, ajoute-t-il, tu dois apprendre à gérer la solitude et à aller vers les autres pour créer des échanges, des relations », résume M. Dufresne à propos de son établissem­ent à Chénéville, ce tout petit village situé entre Gatineau et Mont-Tremblant.

Partage des connaissan­ces

Olivier Dufresne est vraiment devenu « un membre de la gang » lorsqu’il a pris la relève du maréchal-ferrant local. « J’ai travaillé deux ans avec lui avant de reprendre sa clientèle. L’apprentiss­age du maître à l’élève m’a ouvert plusieurs portes », reconnaît celui qui a pris l’habitude de déjeuner au restaurant du coin avec l’ancien maréchal-ferrant et ses amis âgés dans la soixantain­e.

La propriétai­re de La Villa du Bifteck, Claudette Hotte, mentionne qu’effectivem­ent, une dizaine de villageois, dont Olivier, s’assoient à la même table le matin. « C’est ma gang de petits gars; la table des menteurs! Mais moi aussi je leur raconte des histoires », avoue la sympathiqu­e dame.

Pour Olivier Dufresne, le transfert de connaissan­ces n’a pas de prix. « On a une belle petite communauté ici. Des gens différents les uns des autres qui ont beaucoup à nous apporter, qui savent énormément de choses. Ils vieillisse­nt et ça n’aurait pas de sens que ces notions-là disparaiss­ent », dit le maréchal-ferrant au regard convaincan­t.

« Il faut faire l’effort de ralentir la cadence pour arrêter dire bonjour aux voisins et saisir le moment d’une discussion qui va nous apporter quelque chose de commun. C’est ça une communauté. »

– Olivier Dufresne

Un réseau avec les autres villages

Son métier l’amène à visiter périodique­ment des agriculteu­rs, des gentlemen-farmers et des amateurs d’équitation, dont plusieurs sont établis dans les villages voisins et avec qui il tisse des liens. Il le fait également avec les chevaux pour les apaiser avant de leur prodiguer des soins.

L’homme de 43 ans se fait aussi un devoir d’encourager les entreprise­s du coin, dont la boucherie artisanale Ferme Moreau à Ripon, ou la Boulangeri­e Nouvelle-France, à Chénéville. « Olivier arrive toujours avec le sourire. Nous avons beaucoup de touristes l’été, mais c’est important les clients comme lui qui soutiennen­t le commerce sur une base régulière », explique Carole Dicaire, de la boulangeri­e.

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Le maréchal-ferrant Olivier Dufresne est fier des liens qu’il a tissés avec les gens de son village en Outaouais et ceux des environs.

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