La Terre de chez nous

Écueils dans le recyclage agricole

- CAMILLE ROBILLARD crobillard@ laterre.ca

Depuis que la Chine a mis fin à l’achat de matières recyclable­s en provenance des centres de tri des autres pays en janvier 2018, des MRC cherchent désespérém­ent des débouchés pour le recyclage de leurs plastiques agricoles.

Entre 1988 et 2016, la Chine accueillai­t plus de 70 % des importatio­ns totales mondiales de plastiques recyclable­s, incluant ceux issus de l’agricultur­e. Le pays a toutefois mis fin à cette pratique il y a un an et demi, se plaignant de la piètre qualité des matières qui lui parvenaien­t. « Quand la Chine a fermé ses frontières, on a tous été pris par surprise et on a dû se virer de bord », soutient Christine Lajeunesse, directrice de l’est du Canada chez AgriRÉCUP, une organisati­on à but non lucratif qui valorise une gestion adéquate des déchets agricoles.

Plusieurs MRC, telles que celles de Coaticook en Estrie et des Basques au Bas-Saint-Laurent, n’arrivent plus à trouver de potentiels acheteurs pour leurs plastiques agricoles, et ce, malgré des efforts acharnés. « L’entreprise locale Enviroplas­t nous avait promis des solutions pour la fin de l’année dernière, mais on n’a toujours pas de nouvelles », mentionne Monique Clément, chargée de projet des matières résiduelle­s à la MRC de Coaticook. Après vérificati­on, l’entreprise affirme être en train de tester une tecÚologie de lavage.

« Les producteur­s québécois sont les champions canadiens, car ils recyclent environ 80 % des plastiques agricoles qui peuvent l’être. Ça prouve une grande volonté de leur part. »

– Christine Lajeunesse

L’entreprise de développem­ent durable Gesterra, qui avait le projet de déployer des collectes de plastiques agricoles dans les 22 municipali­tés de la MRC d’Arthabaska au Centre-du-Québec, doit actuelleme­nt se satisfaire des six municipali­tés participan­tes. « Le déploiemen­t est fortement ralenti. […] La raison est que le centre de tri qui reçoit les plastiques agricoles collectés a de la difficulté à trouver des recycleurs », précise Francis Gauthier, directeur de projet chez Gesterra.

Selon ce dernier, cette problémati­que s’explique par le fait que l’offre dépasse la demande au Québec. « Assez peu de recycleurs existent, et il s’agit souvent de petites initiative­s qui ne peuvent pas encore accepter beaucoup de volume », ajoute-t-il.

Absence d’usine de nettoyage

Le recyclage des plastiques agricoles comporte son lot de défis. L’une des complicati­ons évoquées par Recyc-Québec dans une récente étude sur ceux qui sont générés au Québec est leur taux important de contaminat­ion. Selon le rapport, ceux qui sont collectés sont contaminés entre 30 et 50 % en moyenne. Cependant, pour qu’un plastique soit recyclé, il doit être propre, sec et avoir un taux de contaminat­ion maximal de 5 %.

À l’heure actuelle, il n’existe aucune entreprise équipée pour nettoyer les plastiques souples de type PEbd, tels que les pellicules agricoles, les sacs à grains et à paillis. L’absence d’usines de nettoyage explique entre autres le manque de débouchés pour ces plastiques, obligeant par le fait même les producteur­s à les entreposer « sur de très longues périodes avant de trouver un acheteur intéressé », précise Recyc-Québec.

Toutefois, Christine Lajeunesse, d’AgriRÉCUP, est d’avis que les révolution­s tecÚologiq­ues permettron­t éventuelle­ment de développer un marché à grande échelle. « La pyrolyse, qui transforme les déchets de plastique en carburant, ainsi que la dépolyméri­sation sont deux futures solutions potentiell­es à la crise actuelle », soutient-elle.

 ??  ?? La fermeture des frontières chinoises a affecté la chaîne de recyclage partout dans le monde, incluant celui des plastiques agricoles.
La fermeture des frontières chinoises a affecté la chaîne de recyclage partout dans le monde, incluant celui des plastiques agricoles.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada