La Terre de chez nous

Fertilisat­ion : améliorer les pratiques pour réduire le phosphore

- SIMON VAN VLIET Agence Science-Presse

Le phosphore est « une lame à double tranchant », explique Christian von Sperber, professeur adjoint au Départemen­t de géographie de l’Université McGill. C’est l’un des nutriments principaux utilisés dans les engrais qui permettent d’améliorer le rendement agricole, mais c’est aussi un élément chimique qui pose de sérieux « risques environnem­entaux ».

« C’est vraiment l’un des enjeux de l’heure », lance le professeur. En prélevant des échantillo­ns de terre dans diverses régions du globe et en mesurant leurs teneurs en phosphore, il essaie de mieux comprendre le cycle de cet élément essentiel aux plantes. Plus spécifique­ment, ses recherches visent à calculer avec un maximum de précision comment minimiser le transfert du phosphore entre les sols et les eaux de surface.

L’eutrophisa­tion, une menace pour les cours d’eau

La pollution au phosphore est en effet la principale cause d’eutrophisa­tion des cours d’eau dans les zones agricoles. Ce phénomène favorise la proliférat­ion d’algues, dommageabl­es pour la faune aquatique et la qualité de l’eau.

Le spécialist­e en biogéochim­ie des sols rappelle qu’il s’agit d’« un problème qui existe partout dans le monde industrial­isé » et qui est en grande partie « dû à la chimie des molécules de phosphate (PO ». Lorsqu’il se trouve en excès dans le sol, le phosphore contenu dans les engrais tend à se combiner à d’autres molécules plus ou moins solubles, comme le calcium ou l’argile. Lorsque le point de saturation du sol est atteint, le phosphore cesse d’être capté par les racines des plantes et se disperse dans les eaux qui ruissellen­t petit à petit vers les rivières et les lacs avoisinant­s.

Des impacts à long terme

Le volume de phosphore idéal à appliquer est « très difficile à quantifier », reconnaît le chercheur. Ce qui est certain, c’est que « le phosphore se déplace très lentement à travers le sol », ce qui fait que les problèmes d’eutrophisa­tion que l’on observe actuelleme­nt, ici comme ailleurs, sont le résultat de décennies d’épandage excessif de phosphore.

Soucieux des impacts à long terme, le spécialist­e des sciences agricoles veut donc aider les agriculteu­rs à « optimiser leur usage de phosphore » pour obtenir de bons rendements tout en limitant les fuites dans nos cours d’eau. Selon lui, un peu de la même façon qu’il faut réduire dès maintenant les émissions de CO dans l’atmosphère pour minimiser les futurs effets des changement­s climatique­s, il faut agir rapidement pour ralentir le phénomène d’eutrophisa­tion.

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Christian von Sperber, professeur adjoint au Départemen­t de géographie de l’Université McGill, alors qu’il travaille sur le terrain pour récolter des échantillo­ns.

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