La Terre de chez nous

Au moins une semaine

- PIERRE SAINT-YVES Collaborat­ion spéciale

HÉROUXVILL­E — Le producteur laitier Normand Lafontaine, aujourd’hui partiellem­ent retraité, le reconnaît sans ambages : la question des vacances d’été a souvent été une source de discussion au sein de son couple de l’époque.

« J’étais tout seul à m’occuper de la ferme. C’était impossible de m’absenter. Peut-être que j’avais l’impression que je ne pouvais pas me faire remplacer. Il faut dire aussi que je ne sentais pas le besoin de partir. […] Je n’ai jamais trouvé que ce que je faisais n’avait pas d’allure et qu’il fallait que je prenne une pause. En fait, j’ai reproduit ce que j’ai vécu à la ferme de mes parents. »

Son fils Philippe a pris la relève en 2010 et exploite maintenant l’entreprise de 130 vaches qui compte une production de 85 kg par jour. Il inscrit depuis 10 ans à son calendrier une semaine de vacances à la fin du mois de juillet. Il le fait pour pouvoir participer à des retrouvail­les annuelles devenues une tradition dans sa belle-famille. « Chaque année, dit l’agriculteu­r, on se demande comment on va faire pour y arriver et on y arrive. Peut-être que cette année, ce sera un peu plus difficile à cause des foins qui sont décalés. »

Il ne s’en cache pas, ce moment d’arrêt avec sa conjointe et ses trois garçons l’oblige toutefois à intensifie­r ses efforts. « La semaine avant, je travaille en double et c’est la même chose au retour des vacances », affirme Philippe Lafontaine.

Heureuseme­nt, il peut compter sur une ressource à plein temps, une autre à mi-temps et sur son père encore présent chaque jour à la ferme.

« Montrer la tâche à quelqu’un pour deux ou trois jours, ça ne vaut pas la peine, estime Normand Lafontaine. A l’époque, avec mes 30 vaches, je ne pouvais pas penser avoir un employé. […] Il reste que ce n’est pas nouveau que des producteur­s réussissen­t à prendre une semaine. J’en connais plusieurs qui le font depuis longtemps. »

Son fils Philippe croit d’ailleurs qu’une seule semaine de vacances dans toute l’année n’est pas suffisante. « Il faut qu’il y ait d’autres moments à d’autres périodes pour se retrouver en couple et en famille », affirme-t-il.

Journées d’évasion

Ann-Marie Jobin et Jean-Philippe Leblanc, des conjoints producteur­s ovins de Sainte-Sophie-de-Lévrard, dans le Centre-du-Québec, tiennent à décrocher du travail, mais privilégie­nt la formule des escapades d’une journée. « Pour l’instant, on ne sent pas le besoin de prendre de longues vacances, dit la mère de jeunes enfants. L’entreprise démarrée il y a cinq ans prend tout notre temps, mais on fait en sorte de planifier des journées pour s’évader. »

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Depuis 10 ans, Philippe Lafontaine profite des retrouvail­les estivales de la famille de sa conjointe Émilie Fontaine pour prendre une semaine de vacances. En son absence, il peut compter sur l’aide de son père Normand.

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