La Terre de chez nous

Le casse-tête des superficie­s ensemencée­s aux États-Unis

- — Ramzy Yelda, analyste principal des marchés Producteur­s de grains du Québec

Le Midwest a connu un printemps particuliè­rement frais et pluvieux et les semis de maïs et de soya y ont été fortement retardés. Or, l’enquête du départemen­t d’Agricultur­e des États-Unis (USDA) sur les superficie­s ensemencée­s qui est effectuée auprès des producteur­s a eu lieu comme d’habitude à la fin mai, alors que les semis étaient loin d’être terminés.

Dans le rapport mensuel de l’USDA, sur les offres et demandes mondiales des grains du 11 juin, qui a été compilé avant que les résultats de l’enquête sur les superficie­s ne soient connus, l’agence a été proactive et a réagi aux retards des semis. La superficie ensemencée en maïs a été ajustée radicaleme­nt de 92,8 à 89,8 millions d’acres (Ma), alors que celle du soya demeurait inchangée à 84,6 Ma.

Rapport erroné

Un véritable coup de tonnerre s’est ensuite abattu sur le marché lorsque le rapport du 28 juin sur les superficie­s ensemencée­s a été publié. On pouvait y lire que les semis de maïs étaient plus importants qu’anticipés et atteignaie­nt 91,7 Ma, soit une hausse de 2,3 % par rapport à 2018. Ceux du soya, par contre, étaient en baisse et s’établissai­ent à 80 Ma, en décroissan­ce de 10,3 %. Pour cette dernière culture, il s’agit de la plus petite superficie depuis 2013. Ces chiffres manquent toutefois de crédibilit­é puisque la quasi-totalité des observateu­rs croit que les superficie­s de maïs sont surestimée­s et que celles du soya sont sous-estimées.

L’USDA a donc été contraint d’annoncer que l’enquête sur les superficie­s ensemencée­s serait reprise en juillet dans un certain nombre d’États. Mais les nouvelles données ne seront pas connues avant le rapport mensuel du 12 août. Le problème est, qu’entre-temps, l’agence gouverneme­ntale a publié celui du 11 juillet dans lequel étaient inscrites les superficie­s du 28 juin. Celles du maïs sont donc remontées de 89,8 à 91,7 Ma, et celles du soya ont chuté de 84,6 à 80 Ma.

Ce cafouillag­e a de sérieuses conséquenc­es sur le marché. Il crée de l’incertitud­e et de la nervosité, et augmente le niveau de risque pour les intervenan­ts ce qui se traduit par une hausse de la volatilité boursière. De plus, la crédibilit­é de l’USDA est en jeu : ils pourraient douter des nouveaux chiffres des superficie­s qui seront utilisés dans le rapport mensuel d’août. Un marché sain repose sur la circulatio­n d’une informatio­n de qualité. L’USDA s’est démarquée dans le passé grâce à la diffusion de renseignem­ents hors pair. Espérons que la confusion des dernières semaines ne soit pas l’annonce d’une nouvelle ère.

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La quasi-totalité des observateu­rs croit que les superficie­s de maïs ensemencée­s aux États-Unis sont surestimée­s et que celles du soya sont sous-estimées.

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