La Terre de chez nous

Les producteur­s confrontés aux mauvaises perception­s du public

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca @josianne.desjardins.98

Selon de nouvelles données présentées lors de l’assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA d’Outaouais-Laurentide­s, la perception négative du public à l’égard des producteur­s agricoles a pris de l’ampleur depuis l’an dernier, et ce, en grande partie en raison des activistes véganes.

L’attitude positive de la population à l’égard de l’agricultur­e canadienne a diminué au cours des deux dernières années, passant de 61 % en 2016 à 55 % en 2018, d’après la plus récente étude sur la confiance du public du Centre canadien pour l’intégrité des aliments (CCIA). Cette diminution est d’autant plus notable, si l’on considère que cette même attitude positive avait plutôt augmenté de 20 % entre 2006 et 2016.

Selon la présidente du Groupe Agéco, Isabelle Charron, qui a présenté ces statistiqu­es à la cinquantai­ne de producteur­s rassemblés à Saint-Eustache le 14 novembre, deux grands facteurs expliquent cette baisse. Il y a d’abord les militants véganes qui utilisent des « images spectacula­ires », comme celles de la campagne Be Fair Be Vegan dans différente­s stations de métro à Montréal cet automne. Des images d’animaux étaient accompagné­es de messages antispécis­tes du genre : « Ils aiment leurs enfants comme nous. » Ensuite, la communauté scientifiq­ue produit également de nouvelles mesures objectives qui influencen­t la société civile, comme l’évaluation du niveau de stress des animaux d’élevage, nomme-t-elle en exemple.

En outre, les consommate­urs, de plus en plus scolarisés – 30 % détiennent un diplôme universita­ire – sont devenus plus exigeants. « Ils sont plus nombreux à s’interroger sur la provenance des animaux et le bienêtre animal », même si ces consommate­urs ne comprennen­t pas toutes les pratiques du milieu, indique Mme Charron.

Le nouveau président de la Fédération, Stéphane Alary, n’a pas manqué de faire allusion dans son discours aux normes exigeantes réclamées par le public en matière de bien-être animal, de protection de l’environnem­ent et d’usage des pesticides. « Ces demandes imposent un carcan de plus en plus important aux agriculteu­rs », a-t-il lancé, soulignant du même souffle que les producteur­s sont prêts à accepter le changement.

Ignorance et solutions

« Les consommate­urs n’ont jamais été autant exigeants envers les producteur­s, mais en même temps, ils sont en grande partie ignorants de leur réalité », a plaidé le président de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Marcel Groleau, lors de son allocution devant l’assemblée. Ce dernier déplore que les progrès des 25 dernières années pour améliorer les pratiques agricoles au Québec soient passés sous le radar. « C’est comme si cette informatio­n-là ne s’était jamais rendue au public », a-t-il affirmé.

Le producteur maraîcher Gilles Lacroix, de Laval, s’est questionné sur les moyens d’atténuer le « radicalism­e » des militants véganes auquel font face ses confrères chaque jour.

« Pour les consommate­urs qui veulent être rassurés, c’est à eux que vous devez vous adresser. Ils veulent garder leur confiance envers vous », a affirmé Isabelle Charron. Cette dernière s’appuyait notamment sur une autre donnée du CCIA, indiquant que 67 % des consommate­urs estiment que la tâche de diffuser une informatio­n claire et transparen­te revient aux agriculteu­rs.

À ce chapitre, les membres présents à l’assemblée ont participé à un atelier pour trouver des solutions à partir des pistes d’action suggérées par le Groupe Agéco. Parmi celles-ci, l’idée de communique­r un message équilibré et de faire valoir ses engagement­s a été suggérée.

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La présidente du Groupe Agéco, Isabelle Charron, a présenté une conférence intitulée L’agricultur­e québécoise : une éthique à valoriser.
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