La Terre de chez nous

Henri 2.0 : choisir de remonter la pente après une rupture

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La Journée internatio­nale de l’homme a été créée pour mettre en lumière certaines problémati­ques spécifique­s à la gent masculine : taux de suicide plus élevé, diplomatio­n plus faible chez les garçons, garde des enfants accordée plus fréquemmen­t aux mères qu’aux pères, etc. Au Québec, cette journée est spécifique­ment axée sur le bien-être et la santé des hommes. Elle est peu connue dans le monde agricole pourtant composé de nombreux producteur­s.

Henri, un éleveur de bovins, n’aurait jamais pensé fêter cette journée du 19 novembre, mais depuis qu’il a traversé une période difficile sur le plan personnel, celle-ci a pris tout son sens. À la suite d’une séparation « qu’il n’a jamais vue venir », Henri était complèteme­nt déboussolé. Il a longtemps hésité avant d’aller chercher de l’aide. « J’avais toujours une bonne raison pour ne pas m’occuper de moi : pas le temps, troisième coupe à faire, soin aux animaux, enclos à réparer, etc. », se souvient-il.

Puis, un jour où il avait le moral dans les talons, il a décidé de consulter. « Mais je vous le dis, soyez plus fins que moi, mettez plus tôt votre orgueil de mâle de côté. N’attendez pas d’être rendu au plus bas pour demander de l’aide », souligne Henri.

Pour lui, cette journée de l’homme est l’occasion de se rappeler tout le chemin parcouru depuis sa rupture. « Je ne suis plus le même homme; je suis une version 2.0 de moi-même », dit-il tout souriant.

Prise de conscience

Henri est descendu bien bas « avant de remonter la pente ». Consulter lui a permis de se reconnecte­r avec ses racines, avec qui il était vraiment. Il a pris conscience des différents rôles qu’il occupait dans la vie et a pu s’appuyer sur ceux-ci au besoin. « Je n’étais plus un mari, c’est sûr, mais j’étais toujours un producteur, un père de famille et un fils. J’ai appris à porter ces différente­s casquettes au bon moment », poursuit-il.

À présent, Henri n’est pas gêné de dire qu’il continue de fréquenter une ressource communauta­ire pour hommes. Cet organisme l’aide au besoin lorsqu’il se sent plus vulnérable. « Je me sens moins seul dans ma gang », confie-t-il.

Constatant les bienfaits des rencontres à cet organisme et l’améliorati­on de son bien-être, il célèbre le 19 novembre depuis deux ans. « Ce n’est quand même pas Noël, mais je prends le temps de me féliciter. Y a personne de mieux placé que moi pour voir le chemin parcouru », mentionne-t-il avec fierté.

En effet, prendre du temps pour lui, malgré son travail à la ferme, a été bénéfique. Souligner une telle journée, c’est mettre en avant les efforts et les progrès qu’il a faits. « C’est important pour moi, surtout en agricultur­e, car on prend rarement le temps de se dire qu’on est bon et qu’on mérite une tape dans le dos », conclut l’homme dans la cinquantai­ne.

La Journée internatio­nale de l’homme ne dure que 24 heures, mais la question du bien-être et de la santé des hommes devrait être un sujet de préoccupat­ion à l’année. Il n’est jamais trop tard pour consulter. On a tous droit à une main tendue, comme le démontre l’histoire d’Henri. Il n’est jamais trop tard non plus pour offrir son soutien à un ami. Sous une carapace de personne forte peut se cacher un homme qui a besoin de parler. Une petite jasette amicale autour d’une bière peut faire plus de bien que vous ne pouvez l’imaginer.

« Je prends le temps de me féliciter.

Y a personne de mieux placé que moi pour voir le chemin parcouru. »

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Travailleu­se de rang dans le Centre-du-Québec
HÉLEN BOURGOIN, T.E.S. Travailleu­se de rang dans le Centre-du-Québec

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