La Terre de chez nous

Reconnecte­r les forêts et les champs

- NATHALIE KINNARD

La perte de forêts inquiète plusieurs chercheurs de l’Université McGill. Les milieux forestiers sont notamment très importants pour les terres agricoles, car ils abritent des insectes pollinisat­eurs, mais aussi des prédateurs comme la coccinelle, qui peuvent contrôler les insectes ravageurs des cultures. Les arbres forment par ailleurs une barrière naturelle qui protège les cours d’eau environnan­ts du lessivage des champs. Pourtant, l’étalement urbain et l’urbanisati­on morcellent de plus en plus les forêts et les milieux naturels. La faune se retrouve alors isolée dans des fragments de boisés, parfois loin des champs agricoles.

« Il faut reconnecte­r le paysage en créant des corridors écologique­s ou passages naturels qui permettron­t notamment à la faune de se déplacer d’un milieu à l’autre », mentionne Elena Bennett, professeur­e au Départemen­t des sciences des ressources naturelles de l’Université McGill.

L’écologiste et ses collègues Andrew Gonzalez et Martin Lechowicz, du Départemen­t de biologie, ont développé un outil interactif pour mieux planifier l’aménagemen­t du territoire. Ils se sont entre autres servis de la Montérégie comme d’un « laboratoir­e » pour développer un modèle informatiq­ue qui inclut divers paramètres comme la biodiversi­té, le stockage de carbone, le recyclage des nutriments, la production agricole et forestière, etc.

« La Montérégie, située au sud-est de l’île de Montréal, subit les pressions de l’étalement urbain et des bouleverse­ments climatique­s, précise Elena Bennett. Nous avons analysé une douzaine de “services” que les écosystème­s procurent à la population, dont la nourriture, la pollinisat­ion, la chasse et la production de sirop d’érable, et nous avons évalué la synergie entre les diverses utilisatio­ns du milieu naturel, comme l’agricultur­e et les loisirs. »

Gestion du territoire

L’outil, toujours en cours de développem­ent, permet d’obtenir des réponses à des questions complexes de gestion du territoire, telles que le niveau de production agricole que peut procurer un milieu donné, la quantité de carbone stocké dans une forêt, les mécanismes de régulation des sécheresse­s et des inondation­s dans les différente­s parties du territoire ou encore les impacts de la constructi­on de routes sur les écosystème­s.

La chercheuse et son équipe pensent que leur modèle de gestion de l’aménagemen­t sera très pertinent pour les agriculteu­rs. « Il ne faut pas juste regarder le potentiel d’un champ en termes de production; on doit aussi évaluer d’autres paramètres comme sa capacité à emprisonne­r le carbone, par exemple. » Les producteur­s pourront éventuelle­ment se baser sur cet outil pour évaluer les effets de certaines interventi­ons sur les terres agricoles, comme couper un boisé en bordure de leurs cultures ou aménager une route.

La Communauté métropolit­aine de Montréal pourra aussi s’en servir pour planifier sa « ceinture verte » qui vise à protéger 1,7 million d’hectares d’écosystème­s, constitués à 48 % de terres agricoles.

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Une équipe de l’Université McGill développe un outil de gestion du territoire prenant notamment en compte les liens entre zones agricoles et boisées.

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