La Terre de chez nous

L’urgence d’agir pour le nouveau gouverneme­nt fédéral

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

L’élection du 22 octobre a reconduit au pouvoir le gouverneme­nt libéral. Mais cette fois, celui-ci est minoritair­e et devra composer avec les partis d’opposition pour se maintenir au pouvoir.

À l’heure actuelle, il n’y a aucun appétit pour une autre élection. Je prévois donc que nous travailler­ons avec ce gouverneme­nt durant un bon bout de temps. Les gouverneme­nts minoritair­es sont souvent en transition. Ils se doivent d’être plus attentifs aux signaux de la population, les partis d’opposition se faisant un plaisir de les talonner sur ces questions.

Le premier ministre a nommé son conseil des ministres le 20 novembre. Ce dernier devra porter une attention particuliè­re au Québec puisque le sort de la prochaine élection pourrait bien s’y jouer et tous les partis le savent. Les attentes des producteur­s québécois ont été bien exprimées durant la dernière campagne électorale.

Du côté du commerce internatio­nal, les tensions entre la Chine et les États-Unis ont continué de prendre de l’ampleur en 2019. Le Canada a été entraîné dans ce conflit. Les secteurs des viandes et des céréales en ont fait les frais. Le gouverneme­nt américain n’a pas tardé à appuyer ses agriculteu­rs en accordant une aide spéciale de quelque 30 G$ US. Nos producteur­s n’ont reçu aucune aide significat­ive du gouverneme­nt canadien.

Bien que le marché chinois soit maintenant rouvert à la viande canadienne, les pertes subies seront difficilem­ent récupérabl­es. La suspension des achats de canola canadien par la Chine est toujours en vigueur et l’impact collatéral sur le prix des autres céréales se fait sentir. Les programmes de gestion des risques d’entreprise (GRE) ne sont pas adaptés à ce genre de situation. Une interventi­on spéciale est nécessaire. Les producteur­s ne peuvent pas faire les frais seuls d’un conflit géopolitiq­ue dont ils ne sont en rien responsabl­es.

Toujours du côté commerce, la négociatio­n avec le Marché commun du Sud (Mercosur) n’augure rien de bon pour l’agricultur­e québécoise, toutes production­s confondues. Les perspectiv­es d’exportatio­n pour nos produits agricoles sont minces et les secteurs sous gestion de l’offre, en particulie­r, n’ont pas à être sacrifiés une fois de plus. On voit maintenant que l’entente avec l’Europe est à sens unique et que le Canada est jusqu’à maintenant perdant dans cet accord.

Même si l’agricultur­e et l’agroalimen­taire est l’un des six secteurs clés pour l’avenir du pays, nous n’avons pas constaté d’efforts notables de la part du gouverneme­nt libéral précédent pour accompagne­r correcteme­nt les producteur­s canadiens. Le nouveau gouverneme­nt doit réinvestir dans les programmes de GRE s’il considère vraiment l’agricultur­e comme l’un des secteurs clés. Tout comme l’Union des producteur­s agricoles, la Fédération canadienne de l’agricultur­e a livré ce message sans équivoque durant la dernière campagne. L’investisse­ment canadien en matière de GRE n’est pas concurrent­iel avec celui des États-Unis et de l’Europe.

Les producteur­s ne peuvent pas faire les frais seuls d’un conflit géopolitiq­ue.

Alors que nous sommes confrontés de plus en plus au protection­nisme et à de nouvelles barrières non tarifaires comme celles imposées par l’Europe sur les fruits frais, le Canada doit agir avec aplomb et poser les gestes appropriés pour soutenir son secteur agricole. Les mots d’encouragem­ent ne suffisent plus.

Nos concurrent­s sont attentifs et déterminés. Ils souhaitent acquérir des parts du marché canadien et prendre leur place sur les marchés mondiaux. Si le Canada veut être de la partie, le nouveau gouverneme­nt doit poser des gestes concrets pour améliorer les programmes de GRE.

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